Moins de 1 300 000 litres de lait collectés durant les 9 premiers mois de l'année 2010 alors que le contrat de performance signé entre le ministère de tutelle et la direction des services agricoles de la wilaya de Aïn Defla prévoit une production de 33 millions de litres pour cette année. Ce résultat insignifiant est-il la conséquence d'une surestimation des responsables concernés ou à des contraintes inattendues apparues récemment dans le secteur ? En effet, Aïn Defla, présentée comme bassin laitier durant les années fastes, ne peut même pas satisfaire les besoins de ses deux laiteries en matière de lait cru bien que la volonté existe chez de nombreux jeunes éleveurs trahis par les procédures bureaucratiques. Aujourd'hui, le cheptel a énormément diminué passant de plus de 3500 vaches laitières à 1135 têtes réparties entre 85 producteurs laitiers alors qu'ils étaient 135 en 2008. Cette baisse d'effectifs est due à la faillite des jeunes investisseurs qui dans le cadre du dispositif Ansej avaient choisi la filière lait, une faillite provoquée par la cherté de l'aliment du bétail, la sécheresse et la hausse des prix des produits phytosanitaires pendant que le prix du bétail régressait sans cesse sur le marché et à la lenteur bureaucratique dans le remboursement des primes d'assurances, des subventions de l'Etat et autres primes de production. Ainsi, le son taxé à 680 le quintal au niveau des minoteries n'est cédé qu'à 2400 DA prix d'usine, l'avoine passant de 180 DA la botte à plus de 700 DA et le foin qui ne valait que 60 DA la botte devenait introuvable à 450 DA la botte. Le veau de lait qui s'arrachait à 70 000 DA ne faisait que 30 000 DA au marché de Boufarik, une génisse pleine ne dépassait pas les 90 000 DA alors qu'une vache laitière achetée à 230 000 DA était proposée à 120 000 DA. Une perte considérable pour ces jeunes investisseurs fortement endettés vis-à-vis des banques. La décision du président de la République concernant l'effacement des dettes de «tous les fellahs» prononcée lors de son discours du 28 février 2009 a été accueillie avec enthousiasme par tous les fellahs en général et particulièrement par ces jeunes promoteurs subissant les effets de la sécheresse alors qu'ils venaient à peine de produire. Malheureusement, et bureaucratie oblige, leurs dossiers sont à ce jour au niveau des banques. «Aucune suite ne nous a été fournie», signale un jeune vétérinaire forcé au chômage. «Nous ne pouvons même pas postuler pour un crédit Rfig pour nous relever», ajoute un autre éleveur en faillite en expliquant «on pouvait reprendre notre activité et profiter des bonnes saisons qui se sont succédé ces deux dernières années seulement ils se trouvent bloqués à ne rien faire». Ces producteurs de lait en faillite interpellent le ministre de l'agriculture quant à leur situation. «Pour que Aïn Defla devienne un bassin laitier il suffit d'une volonté politique responsable», conclut un autre promoteur.