La stratégie de développement agricole, initiée par le ministère de tutelle, n'a pas fini de révéler les limites de la politique observée jusque-là dans ce secteur. Aussi, une démarche de longue haleine attend tous les acteurs du secteur, appelés surtout à réaliser des rendements qualitatifs et quantitatifs dans diverses filières. En ce sens, la filière lait figure parmi les priorités du secteur, car constituant un segment des plus stratégiques. Dans la wilaya de Aïn Defla, considérée jadis comme l'un des plus importants bassins laitiers, la filière lait est malheureusement confrontée à de nombreuses difficultés. La production de lait se trouve en effet affectée et les responsables du secteur peinent à redresser la situation. Le directeur des services agricoles de Aïn Defla (DSA), Achour Merazka, confirme cet état de fait en évoquant pour cette année une baisse sensible de la quantité de lait collectée. Le même responsable relève que dans l'état actuel de la production, la wilaya de Aïn Defla est loin d'atteindre ses objectifs, sachant qu'elle est tenue de produire 60 millions de litres par an dans le cadre du contrat de performance initié dans le sillage de la nouvelle stratégie agricole. Il faut savoir, par ailleurs, que la production de lait annuelle de la wilaya est estimée en moyenne à 31 millions de litres, dont 11% seulement atterrissent au niveau des trois unités de transformation de Soummam (Khemis Miliana), Giplait (Arib) et Waniss (Bir Ould Khelifa). Selon le directeur des services agricoles, une quantité non négligeable de cette production est détournée vers les circuits informels, en l'absence des services de contrôle et de suivi. Le DSA ne manque pas de rappeler en ce sens que les 13 collecteurs de lait activant sur le territoire de la wilaya sont souvent mis en demeure, sans que les choses changent. Estimant que la filière lait est en danger, notre interlocuteur dira que l'une des premières causes de la régression de la production réside dans le fait que 60% des éleveurs sont hors sol, c'est-à-dire ne possédant pas de terres. En outre, le même responsable déplore l'absence de toute forme de partenariat entre éleveurs et producteurs de lait. A cela s'ajoute le problème du vieillissement du cheptel, ce qui ne favorise guère la production. Ce cheptel compte, selon les services agricoles, près de 18 300 têtes, dont 1321 vaches laitières de plus de 13 ans, ce qui explique, en partie, le recul de la production, sachant qu'une vache de ce cheptel donne 10 l/j, alors qu'une bonne vache peut donner entre 25 et 30 l/j. L'autre problème évoqué par le DSA est celui relatif à l'alimentation du bétail, jugée inadéquate en raison notamment des superficies réduites réservées aux cultures fourragères, quoique, pour cette saison, les rendements promettent d'être meilleurs au vu de l'intense activité observée au niveau des champs. Reste que, selon les responsables du secteur, le repeuplement et la revalorisation des fermes pilotes et des laiteries constituent un impératif. A ce sujet, la DSA envisage de lancer une vaste opération de recensement de toutes les étables abandonnées ou déviées de leur vocation. « De grandes décisions seront prises à l'issue de cette opération », nous fera savoir le DSA. Selon lui, il faut acquérir au moins 3550 vaches laitières à haute production laitière pour prétendre améliorer la filière. Par ailleurs, il faut également créer au moins une vingtaine de centres de collecte de proximité, tout en sollicitant le concours des institutions financières et en œuvrant surtout à redynamiser la profession par le biais du Conseil national interprofessionnel du lait (CNIL). A signaler, au demeurant, que dans le but de soutenir les principaux acteurs de la filière, la tutelle du secteur a décidé qu'à partir du mois prochain, ce sera l'Office national interprofessionnel du lait (ONIL) qui prendra en charge la subvention accordée par l'Etat en lieu et place de la Caisse nationale de mutualité agricole (CNMA). Une mesure censée servir à accélérer le paiement des opérateurs concernés. Pour rappel, ces aides sont fixées à 12 DA/l pour l'éleveur (contre 7 DA en 2008), 5 DA/l pour le collecteur et une prime de 4 DA/l pour le transformateur. Des mesures certes encourageantes, estiment les concernés, mais qui restent insuffisantes pour booster la production laitière dans la wilaya de Aïn Defla.