Finalement, Anne Lauvergeon, présidente du groupe Areva, a osé le déplacement à Niamey. Une visite à inscrire dans le contexte particulier créé en France après l'enlèvement au Niger des sept employés du groupe nucléaire par un groupe d'Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). La visite de la présidente d'Areva intervient à la suite de la diffusion par la chaîne qatarie Al Jazeera d'une photo montrant les sept otages enlevés deux semaines plus tôt, à Arlit, au Niger. Le document est accompagné d'un enregistrement vidéo dans lequel les otages français déclinent leur identité. «Un signe encourageant» qui confirme que les sept expatriés sont encore en vie, mais qui ravive aussi les craintes du gouvernement français quant à l'issue des négociations pour leur libération. Ces négociations ont d'ailleurs commencé au lendemain de la prise d'otages par l'intermédiaire de notables maliens et mauritaniens influents, dont certains ont déjà apporté leur précieuse contribution à la libération des ex-otages britanniques, espagnols et français, dont Pierre Camatte, libéré après 3 mois de détention. La France, qui se refuse d'intervenir militairement dans la région malgré la force de dissuasion dont elle dispose dans les pays du Sahel, entend préserver la vie de ses ressortissants en faisant montre de sa disponibilité à entrevoir toutes les options pour leur libération. Paris aurait demandé officiellement au Mali de l'aider à libérer les otages, et cette aide sera le fait d'intermédiaires connus pour leurs liens privilégiés avec les groupes d'Aqmi et une partie de la rébellion targuie, fortement implantée dans le nord du Mali. C'est à travers ces négociateurs que les autorités françaises devront connaître les principales revendications et exigences des ravisseurs, et l'on ne doute pas qu'elles seront axées essentiellement sur le versement de fortes rançons qui iront gonfler le trésor de guerre d'Aqmi. La durée des négociations dépendra de la réactivité des autorités françaises quant à débloquer les sommes exigées par les ravisseurs. Le moins que l'on puisse dire, c'est que la somme globale de la rançon devrait atteindre plus de 10 millions d'euros. Si l'on se réfère aux précédentes rançons payer pour la libération de Pierre Camatte, des deux humanitaires espagnols, du groupe de touristes allemands et des deux diplomates canadiens, les Français devront au moins payer 2 à 3 millions d'euros pour chacun de leurs ressortissants, peut-être un peu moins pour les deux malheureux Africains. En tout état de cause, l'organisation de Droudkel semble en passe de réussir son coup en contraignant la toute-puissante France à satisfaire ses desiderata. Et du coup, donner consistance à sa promesse de lutter contre la France, quel que soit le terrain des opérations.