Vous pouvez tout lui demander sauf de cesser ses plaisanteries... douteuses. El Cavaliere ne peut se retenir, il aurait ça dans le sang. Il ne manque pas une apparition publique pour faire pouffer sa galerie. On se souvient encore du jour où il s'était moqué du «bronzage» des Obama. Depuis, Silvio Berlusconi s'est déchaîné, ignorant totalement la retenue dont doit faire preuve le président du Conseil italien. surtout quand la gauche italienne lui fait des misères. Après avoir échappé à une motion de censure, El Cavaliere revient sur ses grands chevaux, prêt à n'importe quel duel, celui l'opposant à Franco Frattini n'a pas eu raison de sa cuirasse. Face à une opposition, particulièrement remontée contre sa personne, et qui lui a demandé de rentrer chez lui, Silvio Berlusconi ne perdra rien de son sens de l'ironie. Voici sa réponse : «On veut me renvoyer à la maison, mais où ? J'en ai une vingtaine.» C'est dire que l'homme n'est pas du genre à se laisser marcher sur les pieds. Déjà qu'il a eu à revenir par la fenêtre après que la gauche ait réussi à le faire sortir deux fois par la porte. Berlusconi est un dur à cuire et ne se limite pas de lancer ses flèches au cœur de ses adversaires politiques. Il compte dans son placard quelques javelots, capables d'atteindre n'importe quelle cible, choisie ou non. Samedi dernier, l'une de ces lances s'est écrasée sur le pavé de la place Saint-Pierre. El Cavaliere, qui se dit profondément attaché aux préceptes de la chrétienté, s'est attiré les foudres du Vatican pour avoir employé un terme blasphématoire. Si ce n'était que cela.Au summum de son art, Silvio Berlusconi s'est mis à dos, au cours de la même journée, toute la communauté juive après avoir raconté une blague, jugée de très mauvais goût. Le canard du Vatican a caqueté fort contre les plaisanteries déplorables du président du Conseil italien qui a offensé indistinctement les sentiments des croyants et la mémoire de six millions de juifs, victimes de la Shoah. A se demander où le chef du gouvernement va-t-il un jour s'arrêter ? Nul ne le sait et surtout pas la communauté juive, qui, elle, a affaire à une horde de négationnistes. A leur tête, l'ultraconservateur iranien Mahmoud Ahmadinejad. Le président iranien, qui en plus de contester le nombre de victimes de l'holocauste, ne rêve que de rayer Israël de la carte. Au mieux, le déplacer quelque part sur le vieux continent, un continent aux risques terroristes «limités», ce qui impose de la vigilance, et sans plus, selon un communiqué officiel parvenu de Washington. Qui entre Berlusconi et Ahmadinejad est le plus provocateur envers les juifs ? Si le premier adore raconter des blagues à connotation politique, le second affiche clairement ses positions politiques. Au moment où l'Etat hébreu se prépare à la visite «déstabilisante» du président iranien au Liban, celui-ci a terminé de lancer sa fusée, bourrée de haine, sur Tel-Aviv. Si l'Amérique a traîné le monde dans la boue, elle n'a pas manqué aussi de lâcher son «chien sauvage» (Israël) dans la région. C'est dire qu'entre la rage et le choléra, le chef d'Etat iranien préfère renforcer ses liens avec ses voisins syrien et libanais, les deux pays sont concernés par l'affaire des faux témoignages dans l'assassinatde Hariri. Ainsi, pas moins de trente mandats d'arrêt ont été lancés par le gouvernement de Damas contre des personnalités libanaises et étrangères, dont l'ancien magistrat allemand Detlev Mehlis. A présent que l'ensemble des pays du Proche et Moyen-Orient se sont assurés que l'Etat hébreu ne veut pas la paix et que des alliances sont en train d'être renforcées alors que d'autres reprennent souffle - les liaisons aériennes directes entre l'Egypte et l'Iran vont reprendre-, Ahmadinejad cessera-t-il ses attaques frontales contre l'Etat hébreu ? Pourquoi s'en priverait-il quand le chrétien Berlusconi peut se permettre les pires diatribes.