La publication de photos de Silvio Berlusconi, en charmante et dénudée compagnie, par El Pais, en rajoute une couche sur les frasques du numéro un italien avant le scrutin qui s'est tenu samedi. Loin de s'élever vers les étoiles de l'Europe, le débat est resté coincé sous la ceinture jusqu'aux élections. Pour l'hebdomadaire de gauche l'Espresso, c'est un «harem» qui entoure le «Cavaliere». Après la publication des photos, tous les grands journaux mettent l'affaire en une. Prises en mai 2008, elles ont été interdites en Italie par le procureur de Rome, après la plainte de Berlusconi pour «violation de la vie privée et tentative d'escroquerie». Il Corriere della Sera, quotidien le plus diffusé du pays, explique que si les sorties précédentes du président du Conseil avaient été prises sur le ton de la plaisanterie, cette fois «Berlusconi met en péril le futur de l'Italie comme Etat de droit». Ce dernier épisode reflète bien l'atmosphère de la campagne en général, occultée par la personnalité du Cavaliere, toujours selon l'Espresso. Il s'agit d'un «Noemigate», estime Il Corriere, du prénom de la jeune fille au cœur du scandale : maîtresse ou fille cachée, cette jeune blonde est en tout cas la cause du divorce (en cours) du couple Berlusconi. «L'Europe s'est arrêtée à Casoria», la petite ville de la région de Naples où habite la jeune Noemi Letizia, selon Dagospia, un blog qui totalise plus de 400 000 visites par jour. Immigration, travail, crise économique, Fiat : tout ce qui aurait dû être au centre de la campagne est resté au second plan pendant quarante jours. Noemi Letizia est la vraie gagnante des européennes, elle a fait l'objet de 2236 déclarations politiques... On peut douter que l'agriculture ait fait autant jaser. «Le risque est que sur de nombreux bulletins de vote soit écrit ‘'Noemi''», estime le très influent blogueur Dago. Il ne croit pas si bien dire. Un groupe Facebook incite même ses membres à voter Noemi aux européennes.