Les évènements du 5 octobre 1988 qui ont touché le pays ont été au centre d'une journée de commémoration à la maison de la culture Taous Amrouche de Béjaïa, à l'initiative de l'association des victimes des évènements du 5 octobre. Cette journée est restée gravée dans la mémoire collective, particulièrement chez les victimes qui ont survécu à ces évènements douloureux. L'heure était au recueillement et à la remémoration de cette journée charnière dans l'histoire contemporaine du pays. Pour rappel, durant ce jour, 5 personnes ont laissé leur vie à Béjaïa et 16 autres ont été blessées, dont 5 souffrent encore de séquelles à vie. Des personnes qui n'ont pas été impliquées dans les manifestations ont été victimes de balles perdues ou tirées dans le tas. Pour les personnes qui ont survécu à ces évènements sanglants et qui sont au nombre de 16, elles perçoivent chacune une indemnité de 3000 da mensuellement, qu'ils jugent très insuffisante par rapport aux conséquences plus ou moins graves sur leur état de santé. Ces mêmes personnes déplorent le fait qu'elles soient classées dans le cadre des accidents de travail, alors qu'elles étaient victimes de tirs à balles réelles qui ont changé le cours de leur vie. «Nous sommes vraiment consternés ; en plus d'une indemnité insignifiante de 3000 da par mois, notre statut de victimes des évènements du 5 octobre 1988 a été perverti en accident de travail !» déplore un blessé. Des victimes assurent vivre jusqu'à l'heure actuelle avec des balles dans leur corps, car difficiles à extraire sans mettre leur vie en péril. La journée d'hier a été pleine d'émotion, comme si les 22 ans qui nous séparaient de ces fatidiques évènements ne sont guère des années mais des minutes, tellement les ressentiments et les plaies sont encore vivaces, surtout celles des mères des victimes, lesquelles n'ont jamais oublié leurs enfants tués.