Une Britannique de 49 ans s'est réveillée un matin de janvier 2010, quelque chose en elle avait changé : cette cadre commerciale à l'accent du Gloucestershire bien marqué, parlait désormais la langue de Shakespeare avec un accent français, elle qui n'a mis les pieds que deux fois en France. Elle explique comment elle a eu l'impression de perdre une partie d'elle-même après que les médecins eurent diagnostiqué un syndrome de l'accent étranger, une maladie extrêmement rare qui peut survenir après des blessures graves au cerveau. Seulement 60 cas du syndrome de l'accent étranger ont été avérés depuis 1941. Un des derniers cas en date était celui d'une autre Britannique qui avait perdu son accent de Plymouth et commencé à parler avec un accent chinois en avril dernier. Le professeur Nick Miller, spécialiste de la maladie à l'université de Newcastle, décrit le syndrome ainsi : «Beaucoup de personnes souffrant du syndrome de l'accent étranger parlent de la perte de leur ancien accent ou langage comme un deuil et comme s'ils avaient perdu une partie d'eux-mêmes. Ils disent qu'une partie de leur personnalité est morte ou perdue.» La maladie est «en réalité un trouble du langage, et c'est la personne qui les écoute qui projette un accent sur ces changements d'élocution. Le syndrome correspond à des dégâts dans certaines parties du cerveau liées au langage, après une attaque cérébrale, par exemple, ou un choc à la tête.» L'étude de ce syndrome a récemment connu une petite révolution quand un chercheur belge et son équipe ont découvert deux cas de syndrome d'accent étranger «développementaux» : ces patients semblent présenter cette pathologie depuis leur petite enfance, sans avoir jamais eu de traumatisme crânien, de séquelles postopératoires, ni de maladie psychiatrique qui pourraient expliquer la maladie.