Hier matin, ils étaient des dizaines de chômeurs à se masser devant la maison de la presse Tahar Djaout, à Alger, pour attirer l'attention des médias sur les problèmes sérieux qu'ils vivent. Venus de la région de Laghouat, ils ont décidé de cette action de rue pour protester contre leur situation sociale «déplorable» et, surtout, dénoncer la hogra, l'injustice et le favoritisme en matière de recrutement par les sociétés pétrolières activant dans leur région. Des policiers dépêchés sur les lieux ont empêché les chômeurs de se regrouper sous le bâtiment du groupe Laïc faisant face à l'entrée de la Maison de la presse, leur ordonnant de se disperser, au même titre que les reporters-photographes auxquels ils ont interdit de prendre des clichés. En pure perte d'ailleurs puisque les sans-emploi ont pu transmettre leurs nombreuses doléances aux journalistes. Selon les protestataires, aucune autorité n'a daigné les écouter pour apporter une solution durable au chômage qui touche des pans entiers de la population de la wilaya de Laghouat, les jeunes surtout qui peinent à gagner leur vie. «Nous avons frappé à toutes les portes mais personne n'a voulu nous prendre au sérieux», a indiqué un jeune manifestant à un groupe de confrères en exhibant de nombreuses demandes d'emploi «demeurées sans suite», selon lui. Un autre protestataire a indiqué qu'il est anormal que les centaines d'entreprises activant dans les champs gaziers de la wilaya, notamment à Hassi R'mel, refusent d'accorder des emplois aux jeunes diplômés de la région. Un manifestant a, quant à lui, dénoncé les pratiques en matière de recrutement qui n'obéissent, selon lui, ni à la loi ni au bon sens, indiquant que les emplois dans le secteur gazier bénéficient uniquement à certaines catégories de gens. La plupart des protestataires ont été unanimes à dénoncer le comportement belliqueux des autorités qui, au lieu de régler les problèmes, menacent les manifestants de représailles. Pour rappel, une vingtaine de chômeurs a observé, en août, une grève de la faim pour dénoncer le favoritisme en matière de recrutement. Le phénomène n'est pas propre à la seule wilaya de Laghouat. A Ouargla, des manifestations similaires sont organisées de manière régulière par les jeunes chômeurs contre la manière dont s'opèrent les recrutements par les sociétés pétrolières de Hassi Messaoud et de Haoud Berkaoui, entre autres.