L'équipe nationale de football nous est revenue bredouille de son périple en Centrafrique où il lui était demandé de se montrer digne de son statut de mondialiste et de reprendre goût à la victoire qui la fuit depuis de nombreux mois. Elle nous est revenue avec dans ses bagages une défaite des plus humiliantes face à ce qui est considéré comme le niveau le plus bas du football africain puisque son adversaire centrafricain émarge dans la liste des trois ou quatre équipes qui occupent, conjointement, la dernière place du classement Fifa et dans cette liste il est le seul de notre continent. Ce devait être le match du rachat et du renouveau pour les Verts. Il a été celui de la désillusion et de la honte. Durant son histoire, le onze d'Algérie a essuyé des défaites aux allures de débâcle. Celle de ce dimanche est à classer dans ce registre avec une notation supplémentaire indiquant qu'elle a été enregistrée face à une sélection représentant d'un football aux moyens quasi inexistants, un football qui n'a jamais passé plus d'un tour dans les éliminatoires d'une CAN, un football dont le nombre de licenciés footballeurs ne dépasse pas les 6000, soit moins que celui d'une seule de nos ligues de wilaya, un football, enfin, dont aucun club n'est connu et aucun joueur n'a le privilège d'évoluer dans un club européen à peine moyen. Le pire est que le succès des Centrafricains n'a pas été obtenu par le fait du hasard ou sur un coup de dés. Il est venu couronner une stratégie fort bien appliquée par un onze déterminé à aller au bout de ses convictions. Il est, d'ailleurs, parfaitement admis que si les Verts avaient réussi à obtenir, ne serait-ce, que le match nul, ils auraient réalisé un hold-up. Pour la logique du sport et du football, il est bien que les Centrafricains aient fini par s'imposer car un autre résultat aurait pu faire croire que l'équipe d'Algérie a eu du mérite alors qu'elle a fait étalage d'une prestation honorable alors que sa sortie a été l'une de ses plus exécrables de toute son histoire. Une prestation tellement nulle que pas un joueur algérien n'a pu gagner un duel dans lequel il a été impliqué au cours de ce match. Les Verts ont été battus dans presque tous les compartiments du jeu, notamment dans ceux de la condition physique et de la vitesse. Dans le premier domaine, les joueurs algériens ont erré comme des âmes en peine tout au long de la confrontation, se montrant incapables de lutter avec leurs vis-à-vis. Dans le second, ils ont été dépassés par le rythme imposé par les Centrafricains. N'importe quel entraîneur vous dira que celui qui va vite a nettement plus de chance de prendre le dessus. Les adversaires des Algériens ont été plus rapides, plus mordants, plus volontaires, il a donc été normal qu'ils finissent par l'emporter. Tout est à refaire Il y a, au moins, un homme aujourd'hui qui peut prétendre avoir pris une sorte de revanche sur le football algérien. Il s'agit de l'ex-coach national, Rabah Saâdane, exclu du système des Verts. On doit se dire aujourd'hui que le problème de cette équipe nationale ne se situait pas à son niveau, ni dans celui du staff technique de celle-ci. Cet homme avait mis en garde les Algériens contre une surévaluation de leur sélection nationale. Juste avant la Coupe du monde, il avait, en conférence de presse, fait savoir que cette équipe n'avait dû sa qualification à la Coupe du monde qu'à de la volonté de la part des joueurs et que la sélection égyptienne était intrinsèquement plus forte qu'elle, certainement plus aguerrie. Il avait insisté sur le fait que le plus important était de prévoir un plan de développement de la discipline et de lancer une véritable politique de formation. On comprend par là que l'entraîneur ne peut travailler qu'avec ce qu'il a sous la main et à ce titre Abdelhak Benchikha, le remplaçant de Saâdane, ne peut être tenu pour responsable de la débâcle de Bangui. Il a fait avec ce qu'on lui a donné, à savoir des joueurs très moyens dont le grand tort a été d'en faire des stars. Il ne peut également pas piocher dans le très faible et médiocre championnat national où les joueurs capables de lutter au niveau de la CAN sont presque inexistants. Cela nous amène à dire que le salut de cette équipe nationale ne peut venir que d'une refondation totale de notre football car il s'est avéré que sa qualification à la Coupe du monde a plus tenu du miracle que d'une programmation savamment menée. Il y a que les Verts se sont crus les plus forts du monde après avoir éliminé l'Egypte de la Coupe du monde. Depuis ce jour ils ont versé dans la démesure et ont joué aux stars qu'ils ne sont pas aidés en cela par la presse qui pense toujours équipe nationale alors que le véritable problème se situe dans le bouleversement qu'il convient d'opérer dans notre football. Il est possible que notre équipe finisse par se qualifier à la CAN 2012 (bien que cela fasse appel, de nouveau, à un miracle) cela ne changera rien à notre vision que notre football reste faible par des années d'errance et de bricolage au niveau de sa base, à savoir les clubs.