La guerre des tranchées fait toujours rage au sein du FLN. La direction du parti, menée par Abdelaziz Belkhadem, qui, dit-on, fait l'objet d'une tentative de «destitution», continue d'ignorer les faits gravissimes qui ont émaillé plusieurs réunions consacrées au renouvellement des bureaux de kasma. Même s'il a fait allusion, dans son allocution d'ouverture samedi de la conférence nationale des présidents d'APC du parti, d'une reconnaissance de l'existence de ces turbulences, Belkhadem minimise l'action de «ses conspirateurs». Alors que Belkhadem s'adressait aux élus du parti, à la Maison du peuple, auxquels il a demandé de «soigner l'image du FLN», la réunion qui devait consacrer la composante de la kasma de Hydra a tourné au vinaigre : une violente bagarre qui a nécessité l'intervention de la force publique a éclaté et s'est soldée par la blessure de plusieurs personnes. Certaines d'entre elles, dans un état jugé critique, ont été évacuées vers l'hôpital. A Annaba, Bouira ou El Oued, l'on a dénombré aussi plusieurs blessés pour les mêmes motifs, les mêmes questions d'intérêt qui ont conduit à des guerres de clans que refuse pour l'heure l'actuel secrétaire général de considérer comme «faits sans précédents», lui qui a souvent dit que les portes du parti sont ouvertes à tout le monde. Un discours se voulant certes fédérateur mais qui a suscité des convoitises, «des personnes de tout acabit s'introduisent désormais librement dans la maison FLN», nous confie un jeune militant, président d'APC, présent à la conférence nationale, qui n'a pas omis de relever «la situation désastreuse» que vit le FLN, surtout au niveau local. «Les guerres des listes» en perspective des élections législatives de 2012 et les putschs fomentés ont généré cette situation explosive et réveillé les vieux démons et l'idée d'un énième redressement qui vise Belkhadem est en train de prendre sérieusement forme. «Une crise morale Déjà, depuis «le tour de force» du 9e congrès du FLN, certaines personnalités et non des moindres, comme l'ex-porte-parole Saïd Bouhadja, écartées «injustement», selon elles, se sont élevées pour dénoncer la mainmise du clan Belkhadem sur le parti. «Il y a une crise morale au FLN qu'il faut régler en urgence», nous déclarait hier Saïd Bouhadja, qui considère que l'avis des redresseurs dont il fait partie «est celui de l'opinion publique». «Nous voulons un FLN fort», dit-il, s'adressant à «ceux qui dirigent le parti» auxquels il reproche «la fermeture de la porte du dialogue». Sans vouloir affirmer l'existence d'une «campagne de redressement» contre Belkhadem, le député de Skikda affiche néanmoins ouvertement son opposition au SG, invitant à une lecture «juste» de la situation au sein du parti, «qui ne doit plus perdurer». A la tête des redresseurs, des ministres et anciens ministres, dont El Hadi Khaldi, Mahmoud Khedri, Mohamed Seghir Kara et Rachid Boukerzaza, des députés dont notre interlocuteur «évincé» par Belkhadem pour des déclarations qu'il a tenues, ainsi que des membres du Conseil de la nation. Ces derniers ont tenu plusieurs réunions à l'effet de constituer un front «parallèle» que Belkhadem qualifie de réunion de «tayabet el hammam», reprenant ainsi une célèbre formule du président de la République. Un communiqué sera lancé incessamment par les redresseurs, apprend-on, pour expliquer la démarche du groupe et inviter les militants sincères à adhérer à cette initiative. «Il faut rendre au FLN son lustre d'antan», tranche Bouhadja qui appelle la direction actuelle du parti à «prendre conscience de ses dérives». La vraie «guerre» ne fait que commencer avec l'entrée en scène des poids lourds du parti. Belkhadem qui a lui-même initié en 2003 une opération de redressement, réussira-t-il à se maintenir en poste, lui qui aspire d'ores et déjà à se présenter aux élections présidentielles prochaines si jamais Bouteflika ne se représente pas ?