La situation politique en Belgique demeure dans l'impasse après le refus opposé hier par les partis francophones à un projet de réforme présenté par les indépendantistes flamands du N-VA missionné par le roi Albert II pour sortir d'une crise qui dure depuis quatre mois. Le parti de Bart De Wever a dévoilé dimanche un rapport de 48 pages consacré à l'avenir du pays et présenté comme un compromis entre les revendications des Flamands en faveur d'une nouvelle organisation et les inquiétudes des Wallons. Les trois partis francophones qui participaient aux négociations en vue de créer une coalition gouvernementale ont rejeté toutes les propositions du N-VA. Les néerlandophones prônent notamment une plus grande autonomie des trois régions – Flandre, Wallonie et Bruxelles – en leur déléguant le contrôle du marché du travail, en élargissant leurs compétences réglementaires et en leur octroyant la gestion de 45% des recettes fiscales. Démocrates-chrétiens flamands et Verts ont jugé que ces propositions constituaient une bonne base de départ en vue de nouvelles négociations. Mais les francophones ne veulent pas en entendre parler, y voyant le premier pas vers une partition de la Belgique, perspective à laquelle ils sont opposés. Les socialistes francophones expliquent que le projet présenté par De Wever ne compense pas les différences entre les deux communautés linguistiques et que certaines mesures sont trop favorables aux Flamands dont l'indépendance fiscale des régions est une revendication de longue date. «Par exemple, les mécanismes de financement tels qu'ils sont proposés étranglent le développement de la Wallonie et de Bruxelles et mettent en péril la situation des Wallons et des habitants de Bruxelles», disent-ils dans un communiqué. Bart De Wever avait été chargé par le souverain de mener une «mission de clarification» afin de trouver dans un délai de dix jours un terrain d'entente entre les sept partis représentés au parlement. Cette mission s'est achevée hier. Les différentes tentatives pour former un gouvernement fédéral ont toutes échoué depuis les élections législatives du mois de juin qui ont consacré la percée des séparatistes flamands, premier parti au parlement. La presse belge s'accordait sur au moins un point lundi : la crise s'est encore aggravée. Le quotidien francophone Le Soir titre sur «l'impasse». Pour De Morgen, la tenue de nouvelles élections législatives est de plus en plus probable.