Ecartés des négociations menées actuellement en catimini dans le cadre de la réforme du code du travail, les syndicats autonomes de l'Education nationale n'écartent pas la reprise du mouvement de grève si les amendements apportés et adoptés ne répondent pas aux attentes des travailleurs du secteur. Pour le moment, aucune décision n'a été encore prise. Les syndicats préfèrent attendre de voir les nouvelles modifications apportées au code du travail qui est en cours d'étude et qui doit être négocié lors de la tenue de la tripartite (gouvernement-patronat-UGTA) prochainement. Contacté par le Temps d'Algérie, M. Achour Idir, porte-parole du conseil national des lycées d'Algérie (CLA) a estimé que la révision de ce code va s'axer sur deux points importants, à savoir, la «réforme de la retraite, et le droit de grève et des libertés syndicales». Concernant ce dernier point, le CLA craint que l'on opte pour des restrictions sévères de ces libertés et notamment celle du droit de grève. Pour le dossier des retraites, le syndicat soupçonne un «relèvement du nombre d'années de travail», ainsi que la suppression de la retraite anticipée et de la retraite proportionnelle. Le CLA revendique que la retraite soit calculée sur les 12 derniers mois, avec un taux de 100% au lieu de 80% avec l'actuel code». Selon Achour Idir, «le gouvernement est loin d'être dans la logique de négociation avec les partenaires sociaux». Il ajoute qu'«il a des structures qui prennent les décisions telles que la tripartite où n'est reconnue que l'UGTA en tant que partenaire social pour la prise de décision en matière de politique sociale». Loin d'être optimiste par rapport à ce qui se prépare discrètement, le porte-parole du CLA estime que la tripartite «n'est qu'une chambre d'enregistrement qui est créée pour approuver les décisions du gouvernement». Le CLA s'inscrit sur un autre terrain, celui de la lutte sociale. «Nous nous axons sur la sensibilisation des travailleurs, par rapport au contenu et aux enjeux de la réforme du code du travail qui sera adoptée par le gouvernement». En attendant de voir plus clair, le CLA se prépare à la riposte. «Actuellement, nous patientons afin de mieux connaître le contenu de cette réforme qui touchera le code du travail», dira notre interlocuteur qui ajoute que ce week-end le cla fera le point sur la suite à donner à «notre action syndicale. Nous n'hésiterons pas à suivre l'exemple de la France». La base a par ailleurs débattu, lors des assemblées générales organisées en prévision de la tenue du conseil national, un autre point important, à savoir la deuxième tranche des rappels sur salaire non perçus par les enseignants à ce jour. «Les enseignants n'ont pas encore perçu les 50% des rappels sur salaires de l'année 2009», affirme le porte-parole du CLA, qui rappelle que le ministre avait promis de régler ce problème avant la fête sacrée de l'Aïd El Kebir. Pour le syndicaliste, si le ministre ne respecte pas sa promesse, la réaction de la base sera immédiate. Pour lui, «le syndicat n'a pas plusieurs choix. Ce sera la grève ou l'organisation d'un rassemblement». Concernant la menace du premier responsable du secteur de licencier les grévistes s'ils reprenaient le mouvement de grève, Achour Idir explique que sur le plan juridique, aucune loi en vigueur n'interdit le droit de grève, et même si cette loi n'est pas respectée, «nous trouverons toujours le moyen de la faire respecter», déclare-t-il avant d'ajouter : «nous sommes prêts à mener la lutte sur cette question». Interrogé sur le dossier des œuvres sociales, il dira qu'il est toujours en suspens. Le CLA revendique, pour sa part, la dissolution complète des œuvres sociales et un octroi sous forme des 13 et 14e mois de salaire pour tous les travailleurs de l'éducation. Il affirme toutefois que cette question est certes importante, mais qu'elle n'est pas prioritaire par rapport au code de travail. «Ce qui s'est passé en France risque de se produire en Algérie» Pour Meziane Meriane, coordinateur du Syndicat national autonome des professeurs d'enseignement secondaire et technique (SNAPEST), il y a rupture du contact avec le ministère de l'Education. Le SNAPEST qui tiendra son conseil national au mois de novembre compte donc discuter de la situation du secteur et prendre des décisions concrètes afin de faire valoir leurs droits socioprofessionnels et ce, en attendant la réforme du code du travail. Sur ce point, il regrette que son élaboration soit tenue secrète, mais il promet de réagir si ce code du travail venait à «remettre en cause les acquis sociaux». Plus explicite, il déclarera : «S'il ne répond pas aux aspirations des enseignants, ce qui s'est passé en France risque de se produire en Algérie».