L'Algérie, a travers les tragiques expériences qu'elle a connues, a consolidé sa législation en adoptant de nouveaux textes de lois censés mettre un terme aux constructions anarchiques dans les lits d'oued et les zones inondables. «Les séismes ne tuent pas, ce sont les constructions qui le font», déclarent à l'unanimité les experts en risques majeurs. En ce qui concerne les inondations, leurs remarques sont les mêmes. Le non-respect des lois est à l'origine de l'effondrement de constructions… et de la mort de plusieurs citoyens. En effet, sur tout le territoire national, on peut constater l'émergence de bâtisses dans les lits d'oued ou sur les bords des rivières. Pourtant, la nature a par le passé donné des leçons, malheureusement jamais retenues. La presse a relaté plusieurs affaires traitant de vente de lots de terrain sans le moindre respect des procédures. Dans le même sillage, des parcelles se situant dans le périmètre d'un oued ont été cédées sans que quiconque ne se soucie des normes urbanistiques. Les conséquences ont été fâcheuses. Lors des averses, des oueds ont vu déferler des eaux, emportant sur leur passage maisons et biens. Plus flagrant, des constructions administratives publiques ont été construites dans les lits d'oued, à l'exemple de la cour d'Alger et de l'Office national des statistiques. «L'oued Kniss s'est réveillé avant-hier. La cour d'Alger a été submergée par les eaux», témoigne-t-on. Comme dit le vieil adage, «un oued dort mais ne meurt jamais». Ce proverbe devrait être récité et appris par cœur pour les nombreux architectes. Pour Mohamed Boubkeur, expert en risques majeurs, le non-respect des lois est la principale raison de toutes les catastrophes enregistrées. «Nous avons un arsenal législatif et juridique bien précis. Il faut respecter les normes du plan d'occupation des sols (POS) et les règles d'urbanisation. L'Algérie a des textes très précis en la matière. Il faut quotidiennement être en état d'alerte, avec un plan pour l'évacuation des eaux à l'appui, car elles sont (les eaux) voyageuses», a-t-il expliqué. A partir de ce constat, il suggère que les pouvoirs publics devraient être plus sévères pour la délivrance des permis de construire. Après tout, la pluie est un cadeau du ciel, non une punition divine.