Barack Obama est un homme qui, a priori, sait rectifier ses erreurs. Contrairement à sa lente réaction au lendemain de l'attentat manqué contre le vol Amsterdam-Detroit, le président des Etats-Unis a, cette fois-ci, réagi plus vite que son ombre. A peine les colis, contenant vraisemblablement des explosifs, découverts à bord d'un cargo, à destination du sol américain, que le Premier magistrat de l'Amérique a fait une apparition éclair. La menace terroriste est crédible, a-t-il précisé, rappelant les certitudes passées de Brice Hortefeux, le ministre de l'intérieur français, quand Paris a eu vent d'une bravade estivale. Tout comme la France de Nicolas Sarkozy, qui se refuse à se laisser dicter sa politique par Ben Laden et sa branche armée au Sahel, l'Amérique d'Obama est elle aussi déterminée à détruire Al Qaïda dans la Péninsule arabique en général. Et au Yémen, en particulier, qu'Américains et Britanniques croient être le fief de la mouvance djihadiste mondiale. Le chef de l'administration US promet d'intensifier la coopération avec les autorités de Sanaa, au nom de la sécurité nationale des Etats-Unis. Remarquable, ont reconnu ses adversaires républicains. C'est qu'ils savent que les élections de mi-mandat se jouent sur le terrain économique et non pas sur celui de la lutte antiterroriste. Ils peuvent penser ce qu'ils veulent, il est du devoir du président Obama d'être présent sur le front sécuritaire. Un nouvel attentat au cœur de Central Park et c'est tout son mandat qui serait fichu pour de bon. D'où la nécessité de frapper à la racine, méthode chère à W. Bush que les milliers de documents sur la guerre d'Irak risquent de lui faire regretter ce qu'il dit n'avoir jamais regretté. La Ligue arabe vient d'exiger que les responsables des crimes de guerre en Irak doivent répondre de leurs actes et de leur complicité dans l'art de la dissimulation. A se demander si Tony Blair, l'actuel représentant du quartette au Proche-Orient, va également être éclaboussé par la plus grosse fuite de l'histoire de l'armée américaine et que le site wikileaks se défend d'avoir mis en ligne, internet étant à présent accessible au sommet de l'Everest. En attendant que le Pentagone voie un peu plus clair dans cette affaire, Obama prouve qu'il est un homme pressé, au temps précieux. Il faut détruire Al Qaïda au Yémen alors que le chef de l'organisation djihadiste court toujours les verdoyants pâturages du Pakistan, d'après Mme Clinton qui, elle, continue de rassurer l'Asie et d'agacer la Chine. Ben Laden peut tourner son bâton de pèlerin dans tous les sens et s'adresser à la France en crise, le président Obama n'a de cible que la branche d'Al Qaïda au pays d'Ali Abdallah Saleh. Washington et Londres, qui a démenti la présence d'un colis suspect lors de l'escale d'un cargo US, sont disposés à mettre le paquet pour se débarrasser de la menace en question. Sûrement pas via une invasion, semblable à celle d'Afghanistan ou d'Irak, toutes les guerres sont sales et il se pourrait qu'un jour ou l'autre wikileaks balance tout sur le net. La coopération militaire consiste-t-elle à faire parader des drones au-dessus des villes de l'ancienne bienheureuse ? Silence et bouche cousue, parler de la présence d'éléments étrangers au Yémen réveillerait les vieux démons. Déjà que les activités des organisations non gouvernementales au Soudan, jettent l'anathème à deux mois du référendum qui devrait officialiser la scission du pays de Omar El Bachir. Quant à un éventuel établissement des Américains et des Français au Sahel, au nom de la lutte contre l'Aqmi, les rumeurs vont toujours bon train. Mieux vaut donc tabler sur une lutte discrète, voire à distance, contre les djihadistes dans la péninsule arabique. Le bruit de bottes c'est ce qu'il y a de moins révérencieux par les temps qui courent. Les guerres secrètes, à coups de centaines de millions de dollars, seraient les moins fâcheuses. Au moins, le contribuable ne saura pas qu'on continue de lui taper dans sa poche.