Les chefs d'Etat africains, réunis lors de la session Afrique du 8e Forum mondial du développement durable à N'Djamena, ont décidé d'agir de concert pour la sauvegarde du lac Tchad. A l'issue de cette rencontre, la Libye, le Sénégal, la Centrafrique, le Tchad et le Nigeria se sont engagés à sauvegarder le lac Tchad, dont la surface est passée de 25 000 km2 en 1960 à 8000 km2, voir 2500 km2 selon les estimations. Pour protéger le lac Tchad de l'assèchement, une série de propositions a été adoptée par consensus entre les chefs d'Etat. Ils prévoient notamment le classement du lac au patrimoine mondial de l'humanité. Une autorité pourrait également être mise en place pour contenir les conflits entre migrants et populations autochtones autour du lac. Situé à cheval sur quatre pays (Nigeria, Niger, Tchad et Cameroun), le lac cristallise les tensions. Avec son assèchement, des terres humides ont été rendues disponibles pour la culture et l'élevage, suscitant l'arrivée massive de paysans dans la zone camerounaise du lac. Une trentaine de villages ont ainsi été créés par des Nigérians au Cameroun, allant jusqu'à créer une zone totalement contrôlée par le Nigeria sur les terres camerounaises où les différends frontaliers se multiplient. La Libye voisine regarde de près ce qui se passe au Tchad. Malgré le retrait de l'armée libyenne du Nord du pays ordonné par la Cour internationale de justice de La Haye en 1994, le colonel Kadhafi garde un œil sur la région, riche en uranium et possédant quelques réserves pétrolières. Il a ainsi averti l'Europe qu'elle ferait face à trente millions d'Africains cherchant à gagner ses rives si rien n'est fait pour enrayer les changements climatiques et empêcher l'assèchement complet du lac Tchad, «poumon hydrique» de l'Afrique. Présent au sommet de la commission du bassin du lac Tchad, Mouamar Kadhafi a ajouté que la pauvreté dans la région jetait les Africains dans les bras de groupes radicaux islamistes s'en prenant aux intérêts occidentaux. «Les gens participent à des actions terroristes parce qu'ils sont dans le besoin et parce qu'ils sont pauvres», a estimé le leader libyen. «Ces gens-là resteraient chez eux et auraient de l'espoir s'il avait des projets de développement.» Les scientifiques imputent aux changements climatiques, ajoutés aux pressions démographiques et à la construction de barrages, le tarissement du lac, jadis le plus grand du continent et qui fait vivre une trentaine de millions de personnes habitant les pays environnants.