Les cours du sucre se sont envolés vendredi, grimpant à leurs plus hauts niveaux en 30 ans sur le marché new-yorkais, dans le sillage des autres matières premières galvanisées la semaine dernière par un dollar tombé jeudi à son plus bas niveau depuis janvier face à l'euro, suite à l'annonce de nouvelles mesures d'assouplissement monétaire par la Réserve fédérale américaine (Fed). Le cours du sucre est monté mardi à son plus haut niveau depuis trente ans à New York. Les inquiétudes sur un rétrécissement sensible de l'offre mondiale et les incertitudes sur les perspectives des exportations indiennes nourrissent la nervosité du marché. Sur le marché NYBoT-ICE américain, le prix de la livre de sucre brut pour livraison en mars, le contrat de référence du moment, est grimpé jusqu'à 30,64 cents mardi, un niveau sans précédent depuis janvier 1981. Il a bondi de plus de 130% ces six derniers mois. A l'origine de cette envolée des prix, les inquiétudes croissantes du marché quant à une détérioration des perspectives des récoltes chez les principaux pays producteurs, alors que la demande mondiale reste robuste et que les stocks des pays consommateurs sont à leur plus bas niveau depuis 20 ans. Entre intempéries excessives et sécheresses, les perturbations générées par le phénomène climatique La Nina ont «forcé le marché à prendre conscience que les tensions héritées de la saison précédente vont se prolonger», relèvent les spécialistes. Car si des pays exportateurs clefs (le Brésil, mais aussi la Thaïlande ou l'Australie) ont dû revoir à la baisse en conséquence leurs prévisions de production, les pays consommateurs sont aussi touchés. «La demande accrue est derrière cette flambée notamment de la part des grands pays importateurs traditionnels, à savoir la Chine, le Pakistan, l'Union européenne, l'Indonésie ou la Russie qui souffrent de récoltes nationales moins généreuses qu'attendu à cause d'une météo médiocre», Les inondations au Pakistan (9e consommateur mondial) et la canicule estivale en Russie (1er importateur de la planète) ont eu des conséquences sur le marché. L'Organisation internationale du sucre (ISO) tablait encore en août sur un excédent de 3,22 millions de tonnes de l'offre mondiale en 2010-2011, après deux années de déficits record, mais elle anticipe désormais un surplus limité à 2 millions de tonnes. En Algérie, le sucre blanc raffiné est cédé entre 90 et 100 DA le kg dans la plupart des magasins et supérettes du pays. Le prix risque de s'envoler si la tendance haussière se maintient au niveau des marchés internationaux, les grossistes ayant tendance à répercuter la moindre augmentation sur les prix à la consommation. L'inverse n'est pas vrai. La facture d'importation avait atteint en 2009 les 500 millions de dollars.