La ville d'Oran se vide à l'occasion des fêtes religieuses. C'est une tradition que vivent chaque année les Oranais contraints à user du système D pour se procurer une baguette de pain ou acheter leurs fruits et légumes. L'inconvénient pour la ville est que la majorité des boulangeries sont la propriété de commerçants originaires des régions centre et de Kabylie. Ces derniers emploient en général des proches qui prennent un congé pour passer les fêtes religieuses en famille. Cette situation entraîne la fermeture de plusieurs boulangeries durant les journées qui précédent la fête et même après. «Durant les fêtes de l'Aïd, la baguette de pain peut facilement atteindre les 30 dinars», dira un Oranais. La même situation de crise est vécue au niveau des marchés des fruits et légumes puisque les approvisionnements cessent généralement avant l'Aïd pour ne reprendre que plus tard. Oran devient une ville fantôme les jours de l'Aïd. La circulation ralentit pour laisser place à des ribambelles d'enfants qui occupent les jardins publics, les terrasses de café et même les cybercafés et les salles de jeux. «La ville me fait peur les jours de l'Aïd. Les piétons se font furtifs et les quelques voitures qui y circulent grillent parfois les feux tricolores. Elle devient un terrain de chasse pour les voyous et autres malfaiteurs qui s'attaquent à ceux qui s'aventurent dans les endroits peu fréquentés», affirme un Oranais. En attendant de voir les marchands ambulants de pain investir tous les espaces de la ville, les épiciers de la ville ont déjà épuisé leurs stocks de semoule et de farine. «Heureusement que ma femme sait comment préparer une bonne galette sinon j'aurais été contraint de courir la ville à la recherche d'une baguette», dira un autre qui précisera que certains ont appris avec le temps à gérer cette situation en stockant du pain dans leur congélateur. Les boulangers ont bien le droit de passer les fêtes en famille et nous, nous sommes obligés de nous adapter à la crise que cela entraîne.