La machine judiciaire est mise en marche. Après les tueries et la barbarie du régime marocain, voici la nouvelle trouvaille d'un gouvernement aventurier qui se permet, en plus de tuer, de juger des militants convaincus de la justesse de leur cause. Plus de soixante personnes seront présentées devant la justice, dont six devant un juge militaire, selon une source judiciaire. 67 personnes ont été déférées devant le parquet. «Sept parmi les mis en cause ont bénéficié d'un non-lieu, six autres ont été déférés devant le directeur de la justice militaire pour compétence», a précisé un communiqué du parquet d'Al Ayoune rendu public hier. Les autres prévenus seront présentés devant le juge militaire. C'est le cas de l'activiste et militant sahraoui Naâma Asfari qui a été retrouvé après quelques jours de disparition dans un état inhumain. Tabassé, torturé et malmené, Naâma Asfari sera présenté devant le tribunal militaire et répondra de ses actes devant un juge militaire. «Son sort est scellé, il sera condamné encore une fois pour son combat pour les droits de l'homme et ceux de ses concitoyens sahraouis», nous révèle une source. Le Maroc opère un nettoyage ethnique au Sahara occidental. Ces derniers jours, il a donné le feu vert à des milices de colons marocains encadrés par des policiers en civil pour procéder à la chasse aux sahraouis à Al Ayoune, et à la destruction de leurs biens et de leurs maisons avec la liberté de battre et abattre ceux qui s'y opposent. En même temps, la police marocaine et la gendarmerie s'activent en prenant d'assaut les maisons des sahraouis, et en procédant à la chasse aux activistes des droits de l'homme et des militants qui encadraient le campement de Gdeim Izic pour les mettre en détention et les inculper de «crimes», pour avoir osé défier les autorités d'occupation. Agressés et jugés ! 54 personnes ont été présentées devant le juge d'instruction pour interrogatoire sur les «crimes» qui leur sont reprochés. Le parquet a précisé qu'elles étaient poursuivies pour «crimes contre des forces de l'ordre et destruction de biens publics et privés». on se croirait au temps des monarques qui jugaient et tuaient comme bon leur semble. Au moment où la machine judiciaire marocaine est actionnée, les familles sahraouies, de leur côté, continuent de découvrir des cadavres dans le campement de Gdeim Izic et dans les alentours. A l'heure où nous mettons sous presse cette information, ces familles ont dénombré plus de 50 victimes, certains noyés dans des citernes souterraines, d'autres abattus par balles, ou encore d'autres écrasés par des camions. Parmi eux, des femmes, des jeunes et des enfants, malgré la condamnation internationale qui fuse des quatre coins du globe, notamment des pays d'Amérique latine, à l'image du Venezuela, du Chili ou encore du Mexique, qui a appuyé et exigé la tenue d'une réunion du conseil de sécurité de l'onu en qualité de membre du conseil non permanent du Conseil de sécurité. La communauté internationale, les Nations unies, l'Union européenne, la France, les forces démocratiques, les organisations de la société civile doivent réagir d'extrême urgence pour venir en aide au peuple sahraoui et mettre en place des mécanismes de protection des droits de l'homme dans le territoire, jusqu'à ce que l'on trouve une solution définitive qui garantisse le droit du peuple sahraoui à son autodétermination. Autrement, la situation risque de prendre des proportions qui menacent de détériorer davantage la stabilité au Sahara occidental et au Maroc.