Après des mois d'atermoiements marqués par de fortes querelles intestines, le président français Nicolas Sarkozy a finalement opté pour un remaniement ministériel. Après l'annonce de la reconduction de M. Fillon comme premier ministre, l'Elysée a annoncé dans la soirée de dimanche dernier la nouvelle composition du gouvernement. Parmi les personnalités sortantes, figure le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, qui avait exprimé des réserves relativement à certaines mesures du gouvernement, y compris celles portant sur les Roms. Il est remplacé par l'ex-ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie. Une autre recrue de gauche, Éric Besson, passe à l'Industrie. L'Immigration, dont il était chargé, passe sous la responsabilité du ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, maintenu en poste. L'ex-ministre du Travail Éric Woerth, qui pourrait connaître des démêlés judiciaires en raison de son rôle dans l'affaire Bettencourt, est exclu même s'il avait demandé, encore hier, de demeurer au gouvernement. Les secrétaires d'État Fadela Amara et Rama Yade, qui incarnaient «la diversité» au sein du précédent gouvernement, ont aussi perdu leur poste. Des départs compensés en partie par l'arrivée au secrétariat d'État à la Jeunesse de la présidente de la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité, Jeannette Bougrab. L'ex-premier ministre Alain Juppé, qui était venu enseigner au Québec après une condamnation dans une affaire d'emplois fictifs, revient au gouvernement comme ministre de la Défense. Certains analystes prédisent que le politicien tentera d'assembler derrière lui les élus centristes en vue de se présenter à l'élection présidentielle de 2012. Pour désamorcer la fronde, le poste de ministre de la Justice a été donné à un élu centriste, Michel Mercier. Une autre partie du casse-tête tournait autour du sort du leader parlementaire du parti de la majorité, Jean-François Copé, qui se serait vu proposer de passer au ministère de l'Intérieur. Il a finalement obtenu le poste de secrétaire général de l'UMP qu'il convoitait. Le dévoilement de la composition du gouvernement marque la fin du feuilleton du remaniement et le lancement de la dernière ligne droite politique avant l'élection présidentielle de 2012. En dotant le Quai d'Orsay de trois ministres dont l'inusable Michèle Alliot-Marie, en lieu et place d'un ministre et d'un secrétaire d'Etat, Nicolas Sarkozy cherche à redorer l'image de la France, ternie récemment par les expulsions de Roms. Ancien ministre de la Défense, de l'Intérieur et de la Justice, Michèle Alliot-Marie représentera «l'Etat avec fermeté, dignité et sérieux» même si sa marge de manoeuvre «ne sera pas énorme», a estimé Dominique Moïsi, chercheur à l'Institut français des relations internationales. «On avait beaucoup reproché à droite la nomination de Bernard Kouchner à ce poste, en se demandant s'il incarnait vraiment l'Etat avec tout le sérieux nécessaire», a rappelé Dominique Moïsi pour qui Mme Alliot-Marie «incarne vraiment» l'Etat gaulliste.