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Sarkozy se replie sur son noyau dur pour 2012
Remaniement ministériel en France
Publié dans Le Temps d'Algérie le 15 - 11 - 2010

Le président français Nicolas Sarkozy a composé dimanche un gouvernement recentré sur le noyau dur de l'UMP, sans le renouvellement et l'électrochoc attendus par une partie de sa majorité mais avec un risque réel de dissidence centriste.
Avec la reconduction de François Fillon comme Premier ministre et le retour d'Alain Juppé promu numéro deux du gouvernement, le chef de l'Etat a choisi de rassembler sa famille politique d'origine pour préparer l'échéance de 2012. "L'ouverture à gauche est terminée, l'ouverture sociétale aussi. On revient aux fondamentaux du sarkozysme", estime Jérôme Sainte-Marie, président de l'institut de conseil Isana.
"L'obsession aujourd'hui n'est pas de maintenir une bonne cohérence entre la droite et le centre-droit", ajoute-t-il. "C'est de permettre à une droite réduite mais rassemblée de contenir ou de détourner à son profit l'extrême-droite." A défaut de véritable surprise à annoncer, l'Elysée a soigné la mise en scène de ce remaniement organisé exceptionnellement en plein week-end mais n'a pu éviter une certaine pagaille. Sans attendre le verdict du nouveau gouvernement, la quasi-totalité des ministres centristes sortants ont annoncé leur départ, Jean-Louis Borloo en tête.
Dépité d'avoir été battu par François Fillon dans la course à Matignon, l'ex-ministre de l'Ecologie a indiqué dans l'après-midi qu'il reprenait sa liberté de parole. Son collègue de la Défense et rival Hervé Morin a dénoncé pour sa part la constitution par Nicolas Sarkozy d'une "équipe de campagne électorale proche du RPR". L'un et l'autre affichent l'ambition de rassembler autour d'eux un pôle centriste qui pèse traditionnellement de 10 à 15% de l'électorat. Le risque d'un éclatement de la majorité constituée en 2007 n'est pas le seul d'un remaniement mûri pendant cinq mois et dont l'accouchement laborieux a donné un sentiment d'indécision. Le chef de l'Etat a écarté les solutions qui auraient permis de donner un nouveau souffle à son quinquennat : la promotion à Matignon de Jean-Louis Borloo ou un "saut générationnel" avec la nomination d'un quadragénaire.
La première hypothèse tenait encore la corde il y a quelques semaines mais s'est heurtée à une opposition résolue des élus gaullistes de l'UMP et de François Fillon, qui ont orchestré la contre-attaque contre Jean-Louis Borloo. La popularité du Premier ministre, forte dans les rangs de l'UMP et non négligeable dans l'électorat, a sans doute joué un rôle décisif au moment où il s'agit de rassurer les Français, dont Nicolas Sarkozy a dit avoir entendu les "inquiétudes" à l'occasion du mouvement contre la réforme des retraites.
Ce faisant, il a donné des coudées plus franches à François Fillon qui, malgré une loyauté apparemment sans faille, a su faire entendre à plusieurs reprises sa différence. "Il y a une logique d'opinion qui a joué. Le maintien de François Fillon était plutôt souhaité par l'opinion, notamment l'électorat de droite", souligne Jérôme Sainte-Marie. Le Premier ministre sera toutefois encadré de fortes personnalités avec Alain Juppé en numéro deux au ministère de la Défense, et Jean-François Copé en passe de prendre les commandes de l'UMP, le parti présidentiel.
Le premier a montré à maintes reprises qu'il gardait sa liberté de parole. Le second, jusqu'ici patron des députés de l'UMP, ne cache pas des ambitions qui pourraient en faire un grand rival de François Fillon pour l'après-Sarkozy. "La nomination de François Fillon était le moins risqué des scénarios au niveau politique mais elle a un énorme inconvénient : elle n'est pas susceptible de provoquer un choc psychologique dans l'opinion", juge Jean-François Doridot de l'institut Ipsos. "Cela ne suffira pas à renverser la tendance (de l'impopularité du chef de l'Etat). Le vrai problème de Nicolas Sarkozy, c'est qu'il n'a pas de résultats", ajoute-t-il.


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