La loi stipule clairement que le montant des indemnités doit être juste et équitable, et couvrir l'intégralité du préjudice causé par l'expropriation. En plus, la valeur est appréciée au jour où l'évaluation domaniale est effectuée. La visite du ministre des Ressources en eau dimanche dans la wilaya de Tizi Ouzou n'est pas passée inaperçue pour les représentants des expropriés du futur barrage hydraulique de Souk n'Tleta, dans la commune de Tadmaït. Merabti Mohamed, président de l'Association des expropriés du barrage Souk n'Tleta, accompagné de Hassani Omar, en sa qualité de représentant de la commune d'Aït Yahia Moussa, a profité de l'occasion pour porter une autre fois encore les doléances et les revendications des citoyens des localités touchées par ce projet d'envergure. Dans une conversation avec Abdelmalek Sellal, M. Merabti a insisté sur la revendication essentielle, qui demeure le point de discorde entre les expropriés et les services concernés au niveau de la wilaya de Tizi Ouzou, à savoir l'indemnisation des concernés. Le représentant des expropriés a demandé au ministre d'intervenir auprès des services des domaines pour l'actualisation des indemnités à attribuer, et selon le nouveau barème en cours d'élaboration. De son côté, le ministre a promis aux représentants de faire de son mieux auprès des domaines pour une éventuelle nouvelle estimation de leurs biens, avant que la justice tranche sur le sujet. Les expropriés, qui s'estiment déjà sacrifiés par l'interdiction qui leur a été faite depuis 1978 d'entreprendre le moindre investissement sur leurs terres, ne veulent plus qu'une application pure et simple de la loi. L'estimation des biens faite par les services concernés, à savoir 150 à 600 DA le mètre carré de terrain et 4000 DA par olivier, est rejetée catégoriquement par les concernés, qui estiment que ces prix son dérisoires, exigeant une réévaluation conforme aux prix actuellement en vigueur, tels que préconisés par la loi. «Une indemnisation juste et équitable» L'article 32 du décret exécutif paru dans le Journal officiel d'août 1993, dans son chapitre 5 relatif à l'évaluation des biens et droits immobiliers, stipule clairement que le montant des indemnités doit être juste et équitable, et doit couvrir l'intégralité du préjudice causé par l'expropriation. Plus encore, la valeur est appréciée au jour où l'évaluation domaniale est effectuée. Donc, selon cette loi, «les services concernés de la wilaya doivent impérativement se conformer aux lois de la République, et actualiser les indemnités selon les prix pratiqués», nous dira M. Merabti, qui ajoute que les habitants des communes concernés par ces indemnités ne porteront jamais leurs doléances devant les tribunaux, en réponse aux préoccupations du ministre des Ressources en eau, qui craint que cela entraîne un retard des travaux. Par ailleurs, plusieurs revendications sont incluses parmi les priorités de cette association agréée, faut-il le rappeler, en 1996. Il s'agit, entre autres, de la prise en charge du préjudice causé aux habitants empêchés de construire et d'investir à cause du projet, de même que la résolution des problèmes de la jeunesse locale dont l'avenir est saturé depuis trois décennies, toujours à cause du projet. Aussi, les jeunes victimes de ce blocage doivent, selon eux, bénéficier de postes d'emploi dans le cadre de la réalisation de cet ouvrage. Le relogement devrait concerner les chefs de famille recensés au moment des études et leurs enfants garçons âgés de 20 à 30 ans. C'est pour cela d'ailleurs que les habitants demandent une superficie de terre de 500 m2 avec la construction de plus de 200 F4 extensibles par les moyens des concernés. Actuellement, il leur est proposé des terrains de 239 m2, que les citoyens des communes de Tadmaït, d'Aït Yahia Moussa, de Tirmitine, de Maâtkas et de Aïn Zaouïa refusent catégoriquement. Notre interlocuteur n'omettra pas d'attirer l'attention des responsables sur les biens commerciaux qui seront sacrifiés. «Celui qui cultive sa terre ou gère un petit commerce dans sa propriété, et fait de cela son moyen de subsistance, va-t-il devenir alors mendiant ?», s'est-il demandé. L'association des expropriés du barrage de Souk n'Tleta, qui favorise toujours la voie du dialogue, ne compte plus les réunions tenues avec les responsables en charge du secteur dans la wilaya de Tizi Ouzou, les écrits et les démarches effectuées auprès des autorités locales, du ministère des Ressources en eau. Saura-t-elle alors rester dans la même voie ? La question est désormais plus que jamais posée.