Illicites mais tolérés à volonté, les parkings sauvages d'automobiles en Algérie s'étendent le long des interminables trottoirs des centres urbains. Trouver une place sûre pour garer sa voiture relève d'un chemin de croix. L'automobiliste est souvent sermonné par certains gardiens aux allures de cerbère. La loi du gourdin ne manque pas de faire des victimes. Illustration. Nabila est fonctionnaire dans une entreprise privée. Voulant se rendre à son travail au 1er Mai, elle découvre, abasourdie, la disparition du poste radio de sa petite voiture. Pourtant, son véhicule était stationné dans un parking censé être gardé. « Ce sont des jeunes du quartier qui m'ont volé », fit-elle résignée. Ils sont des milliers dans son cas à subir les pires chantages. « Soit vous payez la dîme, soit vous retrouvez votre voiture endommagée », fulmine une veille dame à bord d'un véhicule. Et de lâcher : « On n'a pas le choix. » Une virée dans ces aires de stationnement de la place du 1er Mai. De nombreux automobilistes interrogés ne manquent pas de dénoncer l'attitude passive de certains agents des services de sécurité. « Au lieu de donner un bon coup dans la fourmilière de ces parkings anarchiques où règnent tous les abus, ils préfèrent nous pourchasser pour une ceinture de sécurité oubliée », tonne un automobiliste, non loin de la Maison de la presse Tahar Djaout. Les parkings poussent comme des champignons. Il faut dire que le gain est facile. Tenir un parking aussi réduit soit-il équivaut à disposer d'une entreprise florissante de nos jours. A raison de 30 DA minimum l'unité, ces gardiens de parking peuvent aligner un chiffre d'affaires des plus enviables le long de cent mètres de trottoir. « Les patrons » de ces lieux de stationnement amasseraient jusqu'à 50 000 DA par mois, selon un gardien de parking de la place du 1er Mai. En réalité, beaucoup plus si on tient compte du marché et des multiples rotations de voitures qui y sont assurées. Ce qui est certain, c'est qu'il s'agit là d'un créneau porteur et en même temps d'un des « secteurs » les plus pourvoyeurs d'emplois que les autorités semblent avoir sous-estimé. Un gisement fiscal aussi si ces dernières avaient daigné y prêter attention en manifestant la volonté de mettre le holà à cette anarchie. Pourquoi pas ? Légaliser l'activité Rencontré dans son bureau, Salah Oubahi, secrétaire général de l'APC de Sidi M'hamed, nous a révélé que le département de Yazid Zerhouni compte nettoyer ces écuries d'Augias que sont les parkings anarchiques. Pour ce faire, un décret ministériel a vu le jour en 2007 pour donner une assise réglementaire et juridique à ces parkings. Il a rappelé que de nombreuses réunions ont été tenues, dans ce sens, entre les services du ministère de l'Interieur et ceux de Ali Tounsi, directeur général de la Sûreté nationale. Selon lui, les dispositions du texte en question notent qu'une commission portant création de coopératives a été mise sur pied par les autorités pour étudier les dossiers des jeunes désirant tenir « légalement » ces aires des stationnement. Il s'agit, ainsi que nous l'a expliqué notre interlocuteur, de légaliser l'activité de gardien de parking. Une inspection des parkings anarchiques en question aurait été entreprise par les services de sécurité pour les recenser, selon notre source toujours. Les futurs propriétaires de ces coopératives seront dans l'obligation d'observer rigoureusement les conditions contenues dans le cahier des charges qui contient des modalités définissant les tarifs de stationnement et l'assurance des véhicules en cas de contretemps fâcheux. Les parkings qui auront l'aval de la commission en question disposeront d'enseignes et les gardiens porteront une tenue spéciale. Par ailleurs, M. Oubahi a estimé que les parkings qui constituent un risque ou une menace pour la sûreté de la population seront supprimés. « On ne peut pas tolérer un parking qui gêne la circulation ou pose un problème de sécurité aux citoyens », a-t-il mentionné. Pour M. Oubahi, quatre coopératives ont déjà eu l'aval de la commission pour l'aide aux stationnements. « Nous avons choisi des jeunes du quartier pour les encourager à travailler légalement. Nous sommes au stade final. Ils sont en train de constituer le statut de coopérative chez un notaire », dira-t-il en guise de conclusion.