L'Algérie exercera son droit de préemption sur la cession des actifs de British Petroleum (BP) en Algérie à la joint-venture russo-britannique TNP-BP. Le gouvernement a jusqu'à présent refusé de répondre à une demande de BP pour fournir des données à TNK-BP sur les champs de gaz d'In Salah et d'In Amenas où BP est opérationnel, selon des sources bancaires proches de la transaction citées par le Financial Times. Du fait que toute vente est soumise à l'approbation finale du gouvernement algérien, ce dernier envisage d'exercer son droit de racheter les actifs via Sonatrach, selon la même source. «Il n'a pas encore été accordé le droit de consulter les données», ajoute la même source. La vente proposée, qui est estimée à environ 3 milliards de dollars (1,9 milliard d'euros), s'inscrit dans le cadre du programme de cession d'actifs du groupe pétrolier britannique, lancé depuis plusieurs mois dans le but de disposer de liquidités lui permettant la prise en charge des conséquences de la catastrophe écologique de la plateforme DeepWater dans le golfe du Mexique. La multinationale britannique a déclaré son intention de lever jusqu'à 30 milliards de dollars de cessions d'ici la fin de l'année prochaine pour soutenir le paiement des coûts de l'accident, mais jusque-là la compagnie a recueilli plus de 20 milliards de dollars. BP est le premier investisseur étranger en Algérie. Les champs gaziers d'In Amenas et d'In Salah cumulent une capacité de production pouvant aller jusqu'à 18 milliards de mètres cubes par an et représentent près d'un quart de la production de gaz de l'Algérie. BP a deux partenaires dans ces deux projets, à savoir Sonatrach et le norvégien Statoil, qui ont refusé d'acheter les actions proposées. En octobre dernier, le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, avait déclaré, au sujet de la vente des actifs de BP en Algérie, que «c'est en négociation avec Sonatrach». Dans le cas d'une cession de certains actifs de BP, Sonatrach «pourrait être intéressée seule ou avec d'autres partenaires», s'est-il contenté de dire. Le choix de l'Algérie d'exercer son droit de préemption est motivé, poursuit la source bancaire citée par le Financial Times, par le fait que le périmètre gazier d'In Salah pourrait devenir une plaque tournante stratégique de gaz à travers laquelle de nouvelles ressources sont en cours de développement dans le Sud-Ouest. Pour rappel, l'Algérie a bloqué, en 2000, un projet de vente de BP de 40% de parts dans le champ de Rhourde El Baguel à Elf-France, en exerçant son droit de préemption. Selon le Financial Times, «l'Algérie cherche à limiter le rôle des entreprises internationales dans l'économie», et rappelle, dans ce sens, l'affaire Djezzy lorsque le gouvernement a bloqué, en avril dernier, la vente d'Orascom Télécom Algérie au sud africain MTN pour un montant de 7,8 milliards de dollars. Le gouvernement a rejeté également l'offre de l'opérateur russe Vimpelcom pour acheter OTA, dans le cadre du projet de fusion avec la société Weather Investments, qui détient une participation majoritaire dans Orascom Telecom Holding.