Parmi les personnes qui se sont réunies sur la place de Zéralda figurait le père de la victime. Au même titre que les autres personnes et tout en prônant la thèse de l'accident, il interpelle les services de la DGSN à faire preuve de clémence envers le policier (père de l'enfant ayant usé de son arme), arrêté après le drame survenu dimanche soir (19h45). Le témoignage de Khalil S., père de la victime (Salem), est poignant. Accompagné d'une des tantes de la victime et ému, il atteste que «cela a été un pur accident et je pardonne à mon beau-frère (policier)». La gorge noué, il narre les faits et les circonstances du drame. «Il était environ 20h15 lorsque mon beau-frère (policier au commissariat de La Bridja, route de Sidi Fredj) est rentré d'une mission, il se déshabilla pour se débarbouiller et c'est au moment où il entra dans la salle de bains que son enfant (Amine A.), âgé de 4 ans, s'empara de l'arme, démunie du chargeur et qui était dans son holster et qu'il assimilait à une arme factice». En proie à une grande émotion, le père de la victime, Amine S., précisa que «mon fils le voyant avec l'arme à la main s'est empressé de la lui enlever», précisant que «c'est au moment de la lui arracher que la balle qui était dans la culasse est sortie accidentellement, tuant mon enfant sur le coup». Prenant son mal en patience, le père de la victime, dont la tristesse se lisait sur le visage, déclara : «Mohamed A. (policier) et très aimé par la population de Zéralda et bien que mon fils eut été la victime de cet accident, je pardonne à mon beau-frère et interpelle même les hauts responsables de l'institution policière à faire montre de clémence en sa faveur.» «Nous soutenons le policier Mohamed», c'est le slogan inscrit sur les banderoles accrochées sur la place publique située face à l'ancien commissariat de Zéralda et c'est aussi la conviction des personnes regroupées en sit-in. Après une minute de silence observée à la mémoire de l'enfant décédé, les témoignages recueillis convergent en faveur du policier arrêté et retenu au sein du commissariat de police. «C'est un homme très connu à Zéralda, et tous autant que nous sommes, attestons qu'il n'a jamais porté préjudice à quelque personne que ce soit», témoigne un citoyen. «Mohamed A. a une conduite irréprochable et le tribut qu'il a payé durant la décennie noire devrait être pris en considération par ses responsables.» Tous les témoignages affirment que ce dernier, qui a «été dépossédé de son œil lors du désamorçage d'une bombe, a été victime du terrorisme dès lors que des membres de sa famille ont été assassinés». «Nous nous sommes réunis pour lancer un SOS en direction du premier responsable de la police afin qu'il fasse preuve d'indulgence envers Mohamed A., un de ses éléments les plus dévoués.» Consternation et affliction au sein de la population Les faits de ce tragique drame tels que rapportés par le père de la victime, le jeune Salem S., 15 ans, remontent à dimanche passé vers 20h45. «C'était après la prière d'el icha, soit quelque 35 minutes après que nous ayons entendu le coup de feu et les hurlements qui s'en sont suivis.» Quelques minutes plus tard, les forces de police, alertées par le policier Mohamed, investirent les lieux pour constater les faits. «Le père de la victime était affalé autant que le père du jeune Amine, auteur de l'acte fatal non prémédité.» Très connue à Zéralda, la famille de la victime a été, durant la nuit, soutenue par les voisins. Le lendemain, lundi, une foule grandiose composa la procession accompagnant la jeune victime vers le cimetière de Zéralda. Une émotion indescriptible baignait et toutes les personnes présentes présentaient leurs condoléances aussi bien au père de la victime qu'au père du policier qui avait assisté à l'enterrement. «C'était très dur de voir un homme, ancien policier de surcroît, pleurer comme un enfant», témoigne un citoyen. L'affliction a envahi les cœurs de ses collègues et dont un affirme que «la conduite de Mohamed est exemplaire et je suis sûr que ses supérieurs en tiendront compte».