Les transformateurs de lait ont décidé d'interpeller le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, sur la situation que traverse actuellement la filière lait. A l'issue d'une réunion, qui a regroupé les producteurs affiliés au secteur privé, le bureau exécutif de la Fédération nationale de l'industrie, de l'agroalimentaire, de l'agriculture et des pêches a adressé un courrier officiel au premier responsable du secteur, dans lequel il demande la tenue d'une réunion de concertation sur les dernières mesures prises pour réorganiser la filière. «Nous avons demandé de rencontrer le ministre pour discuter et surtout éclaircir un certain nombre de points qui restent ambigus dans la nouvelle réorganisation du secteur», a affirmé Abdelwahab Ziani, président de la fédération de l'agroalimentaire affiliée à la Cipa. La réunion, tenue la veille avec les transformateurs, a été consacrée à l'examen de la question des cahiers des charges. «Le débat s'est tenu dans une incomparable tension en raison du mécontentement des transformateurs sur la date butoir fixée au 12 du mois en cours pour le dépôt du cahier des charges», souligne un communiqué de presse transmis hier à notre rédaction. A ce propos, le président de la fédération explique que les producteurs sont mis devant le fait accompli par une telle mesure imposée sans aucune concertation au préalable. «Ce n'est pas vraiment le délai qui pose problème, mais c'est le contenu lui-même du cahier des charges qui contient plusieurs points incompréhensibles pour l'ensemble des transformateurs», dira M. Ziani. Il citera, à titre d'exemple, la création du comité ad hoc, le zoning, l'éligibilité des laiteries, les quantités de lait cru collectées et bien d'autres. «Le cahier des charges ne précise pas qui va créer le comité ad hoc et qu'elle sera sa composition. De même pour le zoning évoqué sans donner de détail sur les régions concernées. Le cahier des charges parle de laiteries éligibles sans définir les critères et les conditions retenues pour qualifier une laiterie d'éligible. Certaines dispositions demandent aux transformateurs qu'elle sera la quantité de lait cru collectée, alors que c'est une chose qu'on ne peut pas savoir à l'avance», a-t-il expliqué. Crainte d'un avenir incertain Cette incompréhension a provoqué un sentiment de crainte chez les propriétaires de laiteries qui s'inquiètent du devenir de leur activité et de leur investissement. «C'est tout ça qui a fait que les producteurs ont peur de signer les cahiers des charges. Le risque réel se situe dans le cas où ils ne peuvent pas honorer les engagements qu'ils signent. Quel sera leur devenir ?», s'est interrogé M. Ziani. Tout en affirmant que les transformateurs ne sont pas contre le cahier des charges ni contre sa signature, le président de la fédération de l'agroalimentaire dira que l'application de cette nouvelle politique nécessite des garanties d'aide et de soutien de la part de l'Etat envers ces laiterie. «Nous sommes prêts à signer, mais à condition que le lait cru revienne aux laiteries pour sa transformation. Il ne faut oublier que le marché informel est très actif en la matière et absorbe une grande quantité de lait cru. Ceci s'ajoute à l'autre facteur relatif à la faiblesse des quantités de lait cru collectées», a-t-il fait savoir. M. Ziani fait savoir également que le point relatif au cahier des charges n'a pas été abordé lors de la réunion du CIL, tenue mardi. «Les transformateurs ont discuté de plusieurs points dont celui de la collecte du lait cru, mais ils n'ont pas pu aborder la question lors de la réunion du CIL. Ce qui a fait qu'ils n'ont pas obtenu les explications et les éclaircissements attendus», a-t-il ajouté.