La pénurie en lait pasteurisé en sachet (LSP) est le résultat d'une «gestion archaïque et irresponsable» de l'Office national des industries laitières (ONIL). C'est ce qu'avance la Confédération des industriels et producteurs algériens (CIPA). Réunie jeudi dernier, la fédération agro-industrielle de la CIPA a décidé de geler tout contact avec l'ONIL et a sollicité les pouvoirs publics à prendre les mesures qu'il faut face à cette crise récurrente depuis trois ans. La CIPA a souligné dans un communiqué rendu public à l'issue de cette réunion la nécessité «d'assainir en profondeur le secteur laitier». A cet effet, la confédération suggère la mise en place «d'une stratégie objective et des mécanismes appropriés afin d'assurer la sécurité laitière par import -substitution du lait cru ». Une solution proposée par le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa qui a plaidé pour l'intégration progressive du lait cru dans le processus de production. Les négociations sont en cours avec le conseil interprofessionnel de la filière afin de sensibiliser davantage les opérateurs du lait en poudre et les convaincre de se reconvertir vers le lait cru, c'est-à-dire passer à un mélange moitié lait cru-moitié poudre de lait. Une poudre qui se fait de plus en plus rare. Ce qui inquiète la CIPA qui va plus loin en avançant qu'au-delà du stock stratégique ou du stock sécurité qui font défaut au niveau de l'ONIL, il s'agit carrément d'absence de stock minimum. Pour la CIPA, les graves perturbations dans l'approvisionnement des transformateurs en poudre de lait n'ont jamais été connues auparavant même si la filière souffre de cette iniquité depuis trois ans. Au fil du temps, la situation s'est aggravée. Ce qui s'est répercuté sur la production du lait ces trois derniers mois avec des ruptures d'approvisionnement des laitiers, pénurie partielle de poudre à 26% et parfois totale à 0%. Ajoutons à cela, les séjours anormalement longs de containers de poudre dans les ports. Quelles sont les raisons de cette crise ? En réponse à cette interrogation, la CIPA parle de «promesses sans lendemain» accusant directement l'ONIL de bloquer l'application des décisions prises pour la régulation de la filière. Approuvée et validée le 7 juin dernier par le Comité interprofessionnel du lait (CIL), la révision des quotas de poudre de lait n'a pas eu lieu selon la CIPA. Une révision à travers une méthodologie rationnelle sous contrainte d'une dotation nationale maximale de 100 000 tonnes pour 2010. Une promesse a même été faite de passer à l'action le 1er août dernier. Or, aujourd'hui, cette mesure n'es pas appliquée, regrette la CIPA qui rappelle dans ce sillage les différentes rencontres tenues avec l'ONIL pour assurer une distribution équitable de la poudre de lait. A la lumière de ces développements et de ce bras de fer annoncé entre les producteurs et l'ONIL, le consommateur continue à subir cette pénurie. Avec un pouvoir d'achat de plus en plus en baisse, le consommateur est dans l'incapacité de se convertir au lait UHT (ultra haute température) cédé entre 65 et 80 DA le litre, soit l'équivalent de trois sachets de lait pasteurisé. S. I.