Vaste pays aux multiples potentialités et aux ressources inestimables, l'Algérie est convoitée par les pays de l'UMA qui veulent en profiter dans le cadre du projet de la zone maghrébine de libre-échange qu'ils veulent à tout prix faire passer au détriment des intérêt de notre pays. Si les partenaires maghrébins veulent forcer la main à l'Algérie dans ce domaine, c'est aussi pour élargir l'accord à la libre circulation des personnes alors que notre pays est plutôt favorable à une vraie communauté économique maghrébine qui intégrera toutes les activités économiques. C'est en substance l'esprit de la déclaration à ce propos du ministre du Commerce, M. Benbada, qui a révélé les raisons des réserves émises par la partie algérienne. «Le projet de la zone maghrébine de libre-échange a été discuté à plusieurs reprises au niveau de l'UMA. La dernière rencontre des ministres du Commerce maghrébins qui s'est tenue en juin dernier en Libye a été la dernière étape des discussions. Nous avions émis des réserves s'agissant d'un certain nombre de dispositifs introduits dans le projet de libre-échange commercial alors que le document parlait de libre circulation des personnes et des marchandises, des problèmes liés au marchés publics», a expliqué hier le ministre en marge d'une session plénière à l'APN, consacrée aux questions orales. Selon lui, la convention négociée à Tripoli comporte certains dispositifs qui dépassent le cadre commercial. «La partie algérienne avait proposé, d'une part, que le projet se limite à la zone de libre-échange commercial et, d'autre part, nous avons expliqué à nos partenaires maghrébins que nous avons une doctrine d'ensemble». «Nous avons des industries naissantes et des industries en restructuration à accompagner pour pouvoir s'ouvrir à nos partenaires maghrébins ou arabes», a-t-il expliqué à cet effet. «Les partenaires maghrébins veulent bénéficier des avantages du plan quinquennal» L'autre dispositif intégré dans ce projet de convention comporte l'octroi de certains avantages dans le cadre de l'attribution de marchés publics. Selon M. Benbada, «deux pays ont demandé à ce que leurs entreprises bénéficient des mêmes avantages accordés aux entreprises nationales dans le cadre de l'octroi des marchés publics». «Ils veulent avoir des avantages dans l'actuel programme quinquennal et profiter de la mise en service de l'autoroute Est-Ouest pour faciliter l'écoulement des produits agricoles et industriels sans restriction», a poursuivi M. Benbada. Pour l'Algérie, explique-t-il, «il y a des considérations sécuritaires, sanitaires et encore d'autres relatives à la circulation des personnes qu'il faut prendre en compte dans ce genre d'accord». En échange, l'Algérie propose la création d'une communauté économique maghrébine. «L'Algérie a posé le principe d'une communauté économique maghrébine qui intégrera toutes les activités économiques des pays de l'UMA», a-t-il commenté, expliquant que cette communauté devrait être perçue comme une complémentarité et non pas comme des marchés que chaque pays veut conquérir, citant en cela un projet de raffinage du sucre que compte réaliser un des pays de l'UMA, alors que l'entreprise algérienne Cevital, avec l'augmentation de ses capacités de raffinage à 2 millions de tonnes par an, est en mesure de subvenir à tous les besoins de cette région en ce produit. Interrogé si l'adhésion de l'Algérie à cette zone allait intervenir en 2011, tel qu'annoncé par le secrétaire général de l'UMA, Lahbib Benyahia, le représentant du gouvernement a estimé que «cela dépend de la compréhension de nos partenaires». Il annoncera dans ce sillage une réunion prévue probablement le premier trimestre 2011. «Sur le plan du principe, nous sommes d'accord pour la création de cette zone mais il faut absolument que tous les membres prennent en considération les préoccupations des uns et des autres et l'Algérie a des préoccupations», a conclu M. Benbada pour résumer la position algérienne. «L'Algérie sera le seul perdant», selon lui, si l'accord est adopté tel qu'il a été présenté à Tripoli. Adhésion à l'OMC : «Il faut s'attendre à tout» Par ailleurs, M. Benbaba a affiché à propos de l'adhésion de l'Algérie à l'OMC, l'espoir de voir enfin son dossier aboutir en 2011. Affirmant que l'Algérie a transmis ses réponses «il y a quelques mois», le ministre dira que l'Algérie n'attend que la réaction de la commission en charge du dossier. «Nous espérons qu'il y aura une réponse en 2011, une programmation du 11e round», a-t-il dit, affirmant que le dossier algérien est complet. «Nous avons répondu aux 96 questions auxquelles nous avons joint un mémorandum qui explique la situation et les aspirations économiques de l'Algérie», expliquera-t-il, avouant toutefois que dans tout processus de négociation, «il faut s'attendre à tout». Interrogé sur le litige autour des engrais produits par Fertial, interdits d'accès au marché européen après l'imposition de mesures antidumping, Mustapha Benbada a indiqué que l'accord a été signé avec l'Union européenne est que désormais Fertial peut exporter ce produit. Mais, regrette-t-il, «l'Union européenne a notifié l'accord après qu'elle ait pris des dispositions supplémentaires, surtout techniques, sur le contrôle des règles d'origine dont elle est en train d'élaborer un nouveau dispositif pour la zone Euromed». Ce qui, selon lui, «n'intéresse pas forcément l'Algérie». «Ils essaient de trouver les moyens les plus adéquats pour protéger leurs industries», reconnaît-il sans toutefois omettre de relever que les Européens «nous demandent de faire des efforts et prennent en même temps des dispositions qui vont à l'encontre de ce qu'on nous demande». 765 sites de commerce informel recensés seront éradiqués Répondant à une question orale d'un député à propos du commerce informel qui gangrène tous les secteurs, M. Benbada a affirmé que les quelque 765 sites de commerce informel recensés à travers le territoire national par une commission interministérielle seront éradiqués à travers un large programme de régularisation. «Une commission interministérielle (commerce et intérieur), chargée d'éradiquer le commerce illicite a recensé 765 sites de commerce illicite à travers le territoire national.» Plus de 70 000 commerçants opèrent sur ces sites, selon le recensement de cette commission, chargée d'élaborer une feuille de route pour mettre un terme à ce phénomène. En outre, le ministère du Commerce a pris d'autres mesures pour venir à bout de ce problème, notamment à travers la mise en place de commissions de l'urbanisme commercial, qui devra participer à intégrer les commerçants informels dans des marchés organisés, et ce, dans le cadre de l'agrandissement et la mise à niveau des anciens marchés. Durant le programme quinquennal 2005-2009, l'Etat a déboursé quelque 6 milliards DA dans la mise à niveau de 35 marchés de gros et 215 marchés de détail, selon les chiffres fournis par M. Benbada. Dans ce cadre, une entité publique dont les statuts sont prévus par le Conseil des ministres en mai 2010, chargée de réaliser et de gérer les espaces et les infrastructures commerciales, sera opérationnelle dès l'année prochaine. Le ministre a par ailleurs annoncé en marge de cette séance, deux investissements en matière du commerce de grande distribution. Il s'agit du projet d'un important groupe agroalimentaire national, Cevital, qui compte lancer une chaîne de distribution à travers le territoire national d'un de ses réseaux de grande distribution (Uno), et d'un autre programme pour créer un réseau d'hyper et de supermarchés, initié par un investisseur à Oran. «La mission du ministère est d'arrêter le cadre normatif. Un décret de 2009 définit les conditions de mise en place des structures de grande distribution (hypermarchés, supermarchés…). Tout investisseur désireux investir ce créneau doit répondre au cahier des charges annexé au décret», a déclaré le ministre, avant d'ajouter : «Nous encourageons ce genre d'investissements qui permettent de mieux organiser les circuits de distribution mais également de contrôler la consommation des produits», explique-t-il, car cela permettrait aussi, selon lui, de «moderniser» la traçabilité des produits. «Il y a des intentions d'investissement», s'est réjoui le ministre ajoutant que le produit national y gagnera dans la mesure où il y aura obligation dans un premier temps de l'intégrer dans ces espaces à hauteur de 30% seulement «pour ne pas gêner le développement et la généralisation de ces espaces et casser la dynamique».