Les ministres de l'Agriculture et du développement rural des pays de l'Union du Maghreb arabe (UMA) ont appelé lors de la 16e session de la Commission ministérielle maghrébine spécialisée chargée de la sécurité alimentaire, à davantage de coopération et d'action commune face aux nombreux défis que pose la concrétisation de la sécurité alimentaire. Le Secrétaire du comité populaire général libyen pour l'Agriculture et les ressources animales, M. Abdelmadjid Al-Mabrouk Al Qaoud qui a présidé les travaux de cette session a affirmé que "la consécration de la sécurité alimentaire implique la consécration de la paix sociale des peuples des cinq pays maghrébins". Il a appelé à entamer la mise en oeuvre de certains projets communs décidés lors des précédentes sessions à l'instar de la création d'une banque des origines génétiques des semences. Il a demandé aux pays membres de l'UMA de "faire preuve de réalisme" et consentir davantage d'efforts en matière de lutte contre les épidémies de la faune et de la flore déplorant toutefois le manque à gagner, sachant que le déficit alimentaire entre les importations et les exportations des pays maghrébins est estimé à 30 mds de dollars/an. De son coté, le ministre de l'Agriculture, M. Rachid Benaissa a plaidé pour "davantage de coopération en matière de recherche scientifique, de formation et d'orientation agricole ainsi que concernant les questions liées à l'économie de l'eau (...) et tout ce qui a trait au développement agricole et à l'investissement dans l'agriculture maghrébine". "Nous sommes en mesure d'améliorer le niveau de notre sécurité alimentaire maghrébine à travers la coordination dans le cadre de l'UMA d'une manière progressive et durable", a estimé le ministre rappelant que les rapports et documents relatifs à la vision prospective maghrébine aux horizons 2030 approuvés lors de la précédente session "constituent une importante référence pour l'élaboration d'un plan de travail couvrant toute cette période". Par ailleurs, M. Benaissa a souligné que l'impact des crises économique et alimentaire mondiales "se fait encore ressentir au niveau de plusieurs pays dont des pays développés (...) et la question de la sécurité alimentaire s'imposera à tous les agendas politiques, régionaux et internationaux". De son coté, le ministre tunisien de l'Agriculture et de la pêche, M. Abdesselam Mansour, a indiqué que la coordination entre pays maghrébins en faveur de la sécurité alimentaire "est une nécessité impérieuse" préconisant de "réaliser les aspirations selon une vision maghrébine basée sur le développement technologique en pensant aux moyens de développement de l'action commune". Il a également souligné l'importance de suivre les recommandations positives dans le cadre de l'action maghrébine dans le domaine de l'Agriculture et de la pêche afin de permettre aux pays de la région de "faire face aux défis que connaît le monde aujourd'hui". Pour le ministre tunisien, "il est important de mettre en place un plan d'action pour la période allant de 2011 à 2020, basé sur une stratégie judicieuse concernant l'échange de produits agricoles industrialisés, appelant à "accélérer" la présentation d'une liste de ces produit au Secrétariat général de l'UMA. Il a souligné la nécessité de créer un observatoire de suivi des indices des cours des produits alimentaires de base, dont les céréales et les légumes secs, dans le contexte actuel des marchés mondiaux caractérisé par le monopole et la spéculation. Le ministre tunisien a appelé à la coordination des efforts en vue de faire face aux épidémies et aux maladies qui menacent certaines cultures à l'instar de la tomate et des palmiers. Le ministre mauritanien du développement rural a appelé pour sa part, à la nécessité de définir une stratégie maghrébine commune pour améliorer la sécurité alimentaire", soulignant qu'"il y a une forte volonté maghrébine à concrétiser" pour mettre un terme aux répercussions de la crise actuelle, d'autant que les pays maghrébins recèlent d'énormes potentialités à exploiter. L'ambassadeur marocain à Alger, qui représente son pays à cette rencontre, a estimé que les pays maghrébins doivent s'adapter aux développements survenus dans le secteur de l'agriculture, pour relever les défis que représentent l'avancée des sables, la désertification et la pénurie des ressources en eaux, appelant à "la préservation des ressources naturelles dont l'eau". Il a appelé en outre au renforcement des échanges de visites entre spécialistes et experts dans les domaines de la lutte contre la désertification, de la santé animale et végétale et de l'économie de l'utilisation de l'eau. Le secrétaire général de l'UMA, M. Lahbib Benyahia a souligné la nécessité de cristalliser une stratégie commune pour la relance du secteur agricole, saluant les résultats de la dernière session, en dépit d'un contexte mondial difficile. Parmi les projets stratégiques de l'UMA, il a cité la création d'une zone de libre échange, qui arrive "à sa phase finale", soulignant qu'il ne reste que son adoption par les cinq pays maghrébins. En vue d'encourager la recherche dans le domaine agricole, le responsable a annoncé la révision à la hausse de la valeur du prix du meilleur travail de recherche dans le domaine agricole, passant de 20000 à 40000 dollars et dont la définition du cadre légal aura lieu l'année prochaine. Le SG de l'UMA a rappelé que parmi les projets prioritaires figurent l'uniformisation des caractéristiques liées aux semences de céréales et de légumes secs par les pays de la région et l'actualisation du programme maghrébin de lutte contre la désertification. M. Mabrouk El-Bahri, président de l'Union des paysans maghrébins, qui participe pour la première fois à ces réunions, a appelé à l'intensification des échanges des produits agricoles, ajoutant qu'il "est inconcevable que nous tournons vers les marchés extérieurs pour importer certains produits agricoles alors que certains pays de la région enregistre un excèdent". Il a annoncé la tenue en février prochain à Tunis d'une conférence sur l'assurance agricole et la lutte contre la sécheresse, qui coïncide avec l'anniversaire de création de l'UMA. Concernant la création d'une zone maghrébine de libre échange, M. Benyahia a affirmé que celle-ci "viendra compléter la zone arabe de libre échange et devra renforcer les échanges commerciaux internes". Il a rappelé que les échanges commerciaux internes ne dépassent pas les 3% du total des échanges commerciaux extérieurs des pays maghrébins. Les échanges maghrébins avec les pays européens s'élevant à 51%, a-t-il précisé.