Les gardes-côtes ont intercepté la semaine dernière, au large d'Oran, des embarcations qui tentaient de rejoindre la rive nord de la Méditerranée. Plus de 100 harraga furent interpellés à cette occasion et traduits devant la justice, qui a prononcé à leur encontre des peines de prison avec sursis et des amendes atteignant pour certains 60 000 dinars. Les bateaux de la misère «arraisonnés» à cette occasion étaient souvent en difficulté et l'intervention des gardes-côtes a sauvé d'une mort certaine ces parias qui retrouvaient, pour les plus chanceux, au terme de leur odyssée, la galère, le dénuement et surtout des lendemains incertains. Durant la même période, une dizaine de clandestins, en provenance d'Espagne, ont été débarqués au port d'Oran, alors que des statistiques des services de sécurité font état que plus d'une centaine de candidats à l'émigration clandestine ont été, depuis le début de l'année, interpellés au port d'Oran alors qu'ils tentaient d'embarquer dans des navires qui levaient l'ancre. Ce phénomène de l'émigration clandestine trouve son explication dans les mesures drastiques d'octroi de visas aussi bien pour l'entrée en Espagne qu'en France. Parmi les harraga interpellés figuraient des étudiants, et même des commerçants et des cadres moyens qui auraient pu sous d'autres conditions bénéficier d'un droit d'entrée dans l'espace Schengen. La responsabilité incombe surtout aux pays européens, qui au motif de sécuriser leurs frontières, ont fermé la porte devant de potentiels touristes animés peut-être par le motif des visites d'agrément ou familiales. Cette «frousse» ne justifie pas le jusqu'au-boutisme affiché par les Européens dont certains se sont lancés dans une sélection par le faciès. t c'est ce qui explique ces vagues de bateaux qui prennent la mer quand le beau temps s'installe dans les pays de la rive sud de la Méditerranée, car le phénomène n'est pas exclusif à l'Algérie, au Maroc, à la Tunisie et à la Libye en sont également affectés. Ces mesures ont conduit à l'apparition de véritables filières de passeurs, qui profitant de la misère ont pris en charge ces voyages vers l'inconnu. Ces réseaux sont souvent le produit d'un recyclage des groupes qui activaient dans le trafic d'armes durant la décennie de la tragédie nationale. L'Algérie n'étant plus une poudrière à alimenter, ces derniers se sont orientés alors vers l'émigration clandestine, un filon nourri par les politiques européennes d'émigration.