Le tribunal criminel de la cour de Batna a rendu jeudi son verdict dans l'affaire de l'attentat suicide ayant visé dans cette ville le cortège du président Abdelaziz Bouteflika, le 7 septembre 2007. 63 éléments ont été cités dans l'affaire, en fuite pour leur majorité. Le verdict du tribunal criminel est tombé jeudi en début d'après-midi, après l'audience marathon de la veille qui a duré jusqu'à 23h. Walid Zeghina, principal accusé, a été condamné à la peine capitale comme requis par le représentant du ministère public tandis que les onze autres accusés, dont des mineurs à la date des faits, ont écopé de peines allant de trois à quinze ans de prison ferme. Amara Hichem, nouvellement recruté au moment des faits, a été condamné à 15 ans de prison. Le nommé M. L. Dib, qui a servi de chauffeur au kamikaze et à son guide, a écopé de la même peine. Imad K. H., mineur à la date des faits, a été condamné pour sa part à 5 ans d'emprisonnement. Le tribunal a prononcé la relaxe du nommé A. Rioui. Hamza A., mineur, qui a passé un an et demi derrière les barreaux dans le cadre de cette affaire, passe du statut d'accusé à celui de témoin. Les autres accusés ont été condamnés à des peines allant de 3 à 4 ans de prison ferme pour dissimulation et non-dénonciation de criminels. Les douze accusés étaient tous poursuivis pour «homicide volontaire avec préméditation», «blessures volontaires», «possession et usage d'explosifs dans des lieux publics» et «participation à des organisations terroristes». Le tribunal a également condamné à mort l'ensemble des éléments en fuite, dont Ali Mehira, dit Abourouaha, émir de Katibat Al Mawt, considéré comme le commanditaire de l'attentat, ainsi qu'Abdelmalek Droukdel, l'actuel chef d'Aqmi (Al Qaïda au Maghreb islamique). Le verdict – dont les nombreuses condamnations à mort – était attendu vu l'extrême gravité des faits. Non seulement l'attentat a visé la personne du président de la République mais l'acte criminel a causé la mort de 26 personnes et provoqué des blessures plus ou moins sérieuses à 172 autres, en majorité des citoyens venus acclamer le cortège officiel. On s'en souvient, le kamikaze Houari Benlazreg, dit Abou Mokdad Al Wahrani, repéré au niveau de la mosquée El Atik, en plein centre-ville de Batna, par des éléments du service d'ordre intrigués par son comportement anormal, a fait exploser sa ceinture d'explosifs, causant un véritable carnage parmi les citoyens. Walid Zeghina est un ancien élément de kabitat El Mawt qui a bénéficié, en 2006, des dispositions de la charte sur la réconciliation nationale. Agé aujourd'hui de 28 ans, ce faux repenti a été reconnu coupable de tous les chefs d'inculpation retenus contre lui, à savoir homicide volontaire, tentative d'homicide volontaire, possession et usage d'explosifs. Concernant la partie civile, il a été décidé que les dédommagements des victimes et leurs familles seront pris en charge par le Trésor public. Pour ce faire, un expert sera désigné pour l'évaluation de l'ensemble des préjudices subis par les victimes. Le tribunal a en effet jugé que les individus condamnés sont dans l'incapacité de s'acquitter financièrement de leurs amendes. De même, doit-on souligner, le président de la République a renoncé à sa plainte. Par contre, en tant qu'institution en charge de défendre les intérêts matériels et moraux de son personnel, la Présidence a exigé 10 millions de dinars de dédommagements. Le procès, très attendu, a été reporté à plusieurs reprises. Il s'est tenu finalement ce mercredi à Batna en présence de nombreux confrères de la presse nationale et internationale.