A la demande de la défense, la présidente d'audience de la chambre correctionnelle du tribunal d'Hussein Dey a prononcé le renvoi du procès des émeutiers arrêtés à la cité populaire Les Palmiers, près de Bachdjarah, à la suite des troubles du 26 décembre dernier. Les six mineurs interpellés dans le cadre de cette affaire ont été remis en liberté après leur audition. Les 12 autres personnes arrêtées, dont l'âge varie entre 19 et 57 ans, devraient comparaître pour répondre des chefs d'inculpation retenus contre chacune d'entre elles dont attroupement armé, destruction de biens publics, vols, agression sur policiers dans l'exercice de leurs fonctions et trouble à l'ordre public. Selon une source judiciaire, ces émeutes se sont soldées par de graves blessures infligées à pas moins de 38 policiers. Par ailleurs, il est à noter que 18 personnes, propriétaires de fonds de commerce endommagés ou ayant fait l'objet de pillage se sont portées partie civile et sont comptées parmi les victimes de ces émeutes. Le nombre des inculpés renseigne sur le nombre des avocats qui se sont constitués à leur profit. Ils étaient plus d'une dizaine à se concerter avant la tenue du procès qui finira, sur la demande d'une avocate, par être renvoyé à une date ultérieure. Les procédures remises en cause par les avocats La plupart des inculpés sont poursuivis pour des faits et présentés comme étant des personnes arrêtées en flagrant délit. «Les procès-verbaux le confirment», a indiqué une avocate. «Si les faits se sont déroulés le 26 décembre, quel est l'argument apporté par les policiers pour confirmer que les personnes en question ont été arrêtées en flagrant délit alors qu'ils ne l'ont été que 24 ou 48 heures après, soit le 27 et 28 décembre ?», s'est interrogé l'un des avocats qui nous a informés que les policiers ont arrêté ces personnes en exploitant les images des caméras qui ont filmé les événements. Interrogés à ce propos, la plupart des avocats ont revendiqué «le droit de voir ces images que même les magistrats n'ont pas vues». Pour beaucoup d'avocats, «les policiers ont procédé à l'arrestation de certaines personnes n'ayant rien à voir avec les événements». Au su des déclarations des avocats, le procès est appelé à prendre une autre tournure. Atmosphère tendue Une foule immense s'est agglutinée devant l'entrée du tribunal d'Hussein Dey. Le dispositif de sécurité draconien mis en place reflète la crainte des services de sécurité quant à de probables troubles pouvant survenir au terme du procès qui, selon certaines sources, devra se terminer par la condamnation de quelques émeutiers à des peines de prison ferme. Dans la salle où seuls les parents et familles des inculpés étaient autorisés à accéder, l'atmosphère était également électrique. Dehors, des centaines de jeunes étaient attroupés. Ils sont venus soutenir leurs amis ou voisins, arrêtés à la suite de ces émeutes. «Mon voisin n'a absolument rien fait et je ne comprends pas pourquoi il a été arrêté», lance un jeune qui est immédiatement relayé par un petit groupe qui n'hésite pas à fustiger les pouvoirs publics en mettant en relief leur défaillance vis-à-vis des exigences des citoyens. Les jeunes n'étaient pas autorisés à accéder à la salle d'audience sauf dans le cas où ils sont cités comme témoins dans ce procès ou pour une autre affaire les concernant. En tout état de cause, les jeunes se disent solidaires de leurs amis arrêtés, en dépit de l'obstruction qui leur est faite par les policiers déployés à l'entrée du tribunal.