La défense estime que l'affaire était le résultat d'une manipulation ourdie par des laboratoires insoupçonnés aux fins inavouées d'accaparer un marché juteux. Le procès des anciens cadres dirigeants de l'Institut Pasteur d'Algérie (IPA) - cités dans le dossier d'importation pendant sept ans de 750 000 doses de vaccins périmés - s'est ouvert hier à la chambre pénale près la cour d'Alger. Ce n'est que vers midi que le président de l'audience, maître Belkerchi, a entamé le procès qu'il reportera au 26 janvier suite à un malaise qui a pris en pleine audience un des inculpés. Le renvoi du procès n'a pas empêché les avocats de la défense de s'exprimer sur les tenants et aboutissants de ce dossier. Interrogé par la presse, maître Mohsen Amara Chorfi ainsi que la plupart de ses confrères ont en effet avancé que toute cette affaire était le résultat d'une manipulation ourdie par des laboratoires insoupçonnés aux fins inavouées d'accaparer un marché juteux. Répondant aux journalistes de la radio, il a indiqué que «le procès ne saurait être équitable qu'en présence du premier responsable, c'est-à-dire le DG de l'Institut, actuellement en fuite». Et d'ajouter : «Le DG a pris la poudre d'escampette après avoir été auditionné.» Mettant en évidence à juste titre les carences relevées dans le traitement de cette affaire dont l'intermédiaire Omani, nullement concerné, a été incarcéré. «Omani est un bouc émissaire», devait affirmer un autre avocat. Dr Mostefaoui Chaouche, prenant le relais, a affirmé aux journalistes de la radio et de la presse écrite que Omani, qui est un fils de chahid et un patriote décoré, a fait les frais d'une machination tramée par des personnes au service de lobbies. Et d'ajouter : «Il n'est pas responsable des péremptions des vaccins. Au contraire, il devrait être remercié pour les efforts qu'il a fournis afin de faire bénéficier l'Algérie de ces vaccins à des prix concurrentiels.» Maître Amara a martelé sans mâcher ses mots : «C'est une manipulation fomentée par un laboratoire dans le but de se débarrasser d'un concurrent au profit d'une entreprise étrangère (gérée par un Algérien).» Selon lui, «l'Algérie a bénéficié de ce marché (convention de partenariat avec des laboratoires indiens) grâce à Omani, qui, au sus de l'article 21-29 du code pénal, ne peut être poursuivi en qualité de fonctionnaire». Dans cette affaire, beaucoup de questions restent sans réponse. Pourquoi seul ce contrat est remis en cause alors que 65 à 70 opérations étaient programmées dans le cadre de ce partenariat visant l'importation de 6 millions de doses de vaccin (0,26 euro l'unité) ? Pourquoi seules les 2 millions de doses importées en 2004 périmées faute de congélation font-elles défaut et non les autres ? La justice devra-t-elle tenir compte de l'expertise exigée par le ministère et diligentée par l'inspection en 2005 et dont le rapport final indique en filigrane que cette affaire relève de la mauvaise gestion. Cela dit, bien d'autres questions exigent des réponses.