Haï Dhaya, ex Petit Lac, est l'un des plus anciens quartiers d'Oran qui abrite quelque 60 000 âmes. Il vient de justifier une nouvelle fois son nom, suite aux dernières averses qui l'ont transformé en lac authentique. Les eaux de pluie, en se retirant, ont laissé place à des mares de boue dans laquelle pataugent les habitants et dont les chauffards aspergent les piétons. D'où, cris, vociférations et insultes. On en arrive même aux poings quelques fois. Construit au cours des années 50 pour recaser les familles des bidonvilles d'El Hamri, de Sidi El Hasni et autre Medioni, Ex Petit Lac est devenu l'un des quartiers d'Oran qui enregistre, sans doute, une des plus grandes concentrations d'habitants au mètre carré, qui ne sont donc pas loin de l'étouffement. Les centaines de maison, bâties pour « les Indigènes », sur une surface très réduite, ont contraint leurs occupants, éclatement des familles oblige, à l'extension en hauteur, donnant lieu à des sortes de petits cubes superposés qui, vus de l'extérieur, peuvent donner une idée sur l'exiguïté des habitations dont chacune abrite plusieurs familles. Paradoxalement, c'est à Haï Dhaya où il doit y avoir le moins de chômeurs, par rapport à d'autres quartiers. Cette situation est due au fait que beaucoup s'adonnent au commerce qui y est florissant, tous produits confondus. Les vendeurs à la sauvette, y occupent toutes les artères défoncées, désormais interdites aux véhicules, situées aux alentours du marché dont les magasins ont été boudés par les marchands de fruits et légumes, qui leur ont préféré le ciel ouvert. La rue, assez vaste, qui le longe le mur du marché, et l'esplanade qui lui fait face, sont totalement occupées par les vendeurs qui exposent des centaines d'objets hétéroclites dont certains donnent l'impression de venir de la décharge publique. Des pièces détachées pour véhicules, usées à l'extrême, on passe à la robinetterie, au mobilier, en passant par l'électricité, par les vieilles godasses, les ustensiles de cuisine, les tissus d'ameublement, les appareils électroménagers, les poupées désarticulées, les vieux livres et magazines froissés. Le tout dans un état pouvant justifier le nom de marché aux puces. Quelques vendeurs perdus au milieu de ce capharnaüm proposent, quand même, des produits cosmétiques et autres détergents et briquets qui n'ont pas encore servi.