Le patronat déplore la violence qui s'est généralisée dans les différentes wilayas du pays, estimant que la casse et la destruction des biens publics et privés n'est pas la meilleure manière pour exprimer les revendications sociales et le ras-le-bol qui s'installe dans le milieu populaire. Lors d'une conférence de presse animée hier à Alger, le patronat appelle au dialogue et à la concertation pour pouvoir traverser cette phase critique qui doit être gérée avec beaucoup de sagesse et de patience. Il estime que «tout le monde a une part de responsabilité» dans la situation qui prévaut aujourd'hui dans la rue. Il déplore le manque de communication et de dialogue entre les dirigeants, les opérateurs économiques et le peuple. Le facteur essentiel qui conduit à la situation catastrophique marquée par un retour sans précédant à la violence. «Les autorités publiques auraient dû comprendre et expliquer les raisons de cette inflation à la population de façon démocratique et transparence pour éviter de tels agissements de la part de jeunes affolés», a indiqué Habib Yousfi, président de la Confédération générale des opérateurs algériens (CGOA), pour qui «la casse n'a jamais été le meilleur moyen d'exprimer sa colère». Il estime que les pouvoirs publics doivent prendre des mesures pour apporter des solutions concrètes au malaise social et aux problèmes posés par les opérateurs économiques nationaux ayant alerté à maintes reprises sur la nécessité d'instaurer un dialogue permanent pour faire des prévisions de l'évolution de la situation économique du pays. «Nous avons alerté les pouvoirs publics sur la concertation pour poser les problèmes de l'économie nationale et trouver des solutions dans le cadre de la tripartite mais cela n'a jamais été concrétisé vu que nous ne sommes pas réunis pour cela depuis décembre 2009 et les mêmes problèmes sont toujours posés», a-t-il ajouté, affirmant que «l'ensemble des opérateurs économiques sont disposés à discuter des solutions envisageables pour réduire l'impact de l'inflation et sortir de la crise». Pour sa part, le président de la Confédération des industriels et patronat algériens (Cipa), M. Mehenni, a exprimé «son regret et sa tristesse profonde» quant aux événements douloureux qu'a connus notre pays depuis trois jours. «Il est temps de tirer des leçons de ce qui s'est passé durant la décennie noire où l'Algérie a combattu toute seule pour pouvoir se remettre debout et relancer son développement. Le moment n'est pas de casser et saccager ce que nous avions eu d'énormes difficultés à réaliser. Des solutions partielles à des problèmes tels que la réalisation de logements, de routes, la création d'emplois et autres ont été apportées. Aujourd'hui, il est question de s'unir et de déployer d'autres moyens pour répondre aux préoccupations sociales et avancer dans le développement. On peut dialoguer sans casser car nos jeunes n'ont pas tous les droits et nous sommes en position de répondre à leurs besoins mais ils n'ont pas droit à la violence», a-t-il expliqué. Les violences profitent à des parties Les affrontements profitent, selon M. Mehenni, à certains intérêts qui ont recours à la manipulation. «L'Etat doit rester éveillé et prudent. Il doit poursuivre son contrôle sur le commerce et l'importation en empêchant l'informel, l'économie de bazar et la fraude. Ça a été la revendication des entreprises nationales pour garantir leur pérennité», a-t-il souligné. Il appelle les jeunes au calme et à la concertation. De son côté, Ali Slimani, vice-président de l'Union nationale des entreprises publiques (Unep), dira que ce mouvement est intervenu juste après les dernières mesures prises dans la régulation du marché. «Ce qui est incompréhensible c'est que les violences ont éclaté au début de la régulation du marché. Cette mesure dérange-t-elle certaines parties ? Je dirais oui. Mais la réponse ne doit pas être dans la casse», a-t-il soutenu. Il a également lancé un appel aux pouvoirs publics et aux parents des jeunes. «L'Etat doit tirer des enseignements et agir correctement et vite et les parents doivent maîtriser leurs enfants car il y a des comportements inadmissibles qu'il faut éviter», a-t-il conseillé. Dans le même sens, Abdelkader Malki, vice-président de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), dira qu'«il est temps de redoubler les efforts pour pouvoir élever le pouvoir d'achat des Algériens, créer de l'emploi et le logement pour tous». «L'Etat doit accorder plus d'intérêt et un suivi rigoureux à ces aspects et arriver à la paix sociale en répondant aux préoccupations des travailleurs. Il y a certaines lacunes qu'il faut absolument combler», a-t-il affirmé. La question des restrictions sur les visas a été reléguée au deuxième plan. M. Malki a apporté son soutien à la position des opérateurs et dit rejeter ce type de comportement imposé par les consulats de France. «Nous n'acceptons pas ces mesures discriminatoires. Nous avons des principes que nous allons défendre et nous comptons sur les pouvoirs publics à ce qu'ils réagissent dans ce sens», dira-t-il.