Les huit mesures transitoires annoncées dernièrement par le gouvernement sont contestées par les économistes algériens qui se demandent si réellement ces décisions pourront faire baisser les prix des produits de première nécessité. «Sans une vision stratégique, ces mesures s'assimileront à du replâtrage», c'est en ces termes que l'économiste Abderrahmane Mebtoul nous a fait part de son avis sur la question. Ce dernier est totalement contre les mesures prises par les pouvoirs publics, selon lui, «elles ne pourront qu'apaiser les esprits pour une période donnée». La hausse des prix est liée, d'après lui, à plusieurs facteurs qui «n'ont rien à voir avec la hausse au niveau international, ni avec l'obligation de l'utilisation des chèques pour toute transaction dont le montant est supérieur à 500 000 dinars». Le Dr Mebtoul estime que plusieurs facteurs sont à l'origine de la hausse des prix en Algérie, il cite en premier lieu la sphère informelle qui démontre clairement que l'économie n'est pas réglementée par des normes légales. Le secteur échappe souvent à la comptabilité nationale et donc à toute régulation de l'Etat. Il rappelle de passage que la sphère informelle contrôle quatre segments clefs, à savoir celui des fruits et légumes, de la viande, du poisson pour les marchandises locales et pour l'importation, le textile et la chaussure. Ce même économiste évoque dans le même sillage l'absence totale de mécanismes de régulation et de contrôle. «Les prix des produits de large consommation connaissent, comme de coutume, notamment à la veille de chaque fête, des augmentations sans précédent, les discours gouvernementaux et les organisations censées sensibiliser les commerçants n'ont pas d'impact positif sur le comportement de ces derniers.» M. Mebtoul appelle à faire disparaître les intermédiaires entre le producteur et le consommateur, notamment dans les secteurs de l'agriculture et de l'industrie. Il estime que ces derniers «prennent des marges non proportionnelles aux services rendus, ce qui fait que le contrôle sur le détaillant ne s'attaque pas à l'essentiel». Face à cette situation de fait, l'économiste préconise en premier lieu la création d'un système de stabilisation permanent des prix du sucre et des huiles alimentaires pour faire face à l'avenir et de façon durable à toute fluctuation des cours sur le marché international. Il appelle également à l'instauration d'une véritable économie productive reposant sur l'entreprise créatrice de richesses.