Le vent a tout balayé dans les quartiers de Belouizdad et de Bab El Oued. Après les violents affrontements entre émeutiers et forces de l'ordre, le calme a repris le dessus. Lors d'une tournée effectuée hier, une atmosphère sereine régnait à Belouizdad et à Bab El Oued. On se souvient que durant les quatre jours d'émeutes, ces deux quartiers ont été le théâtre de violents accrochages. Les centaines de jeunes qui lançaient des pierres et des projectiles sur les forces de l'ordre ne sont plus visibles sur les lieux. Fatigués ou peut-être ont-ils fini par comprendre la combine, ils ne pensent pas à réinvestir les rues, sauf cas imprévisible. C'est du moins ce que nous ont déclaré quelques jeunes qui avaient participé aux dernières émeutes. «Nous sommes un peu fatigués. Nous avons exprimé notre colère. Mais au final, nous voyons que nous ne sommes pas les gagnants dans l'affaire. Des amis à nous ont été embarqués et d'autres interpellés de l'intérieur même de leurs maisons. La situation ne va pas s'améliorer si nous continuons à protester. C'est simple, comment se fait-il qu'aucune décision nous concernant n'a été prise par l'Etat. Les seuls bénéficiaires des émeutes sont les magnats de l'huile et du sucre, ainsi que leurs pions placés dans différente institutions», nous racontait amèrement Samir, un habitant de Bab El Oued âgé d'une trentaine d'années. Même son de cloche à Belouizdad, ou du moins c'est presque la même analyse. «Pourquoi n'ont-ils pas annoncé la création d'un millions d'emplois dans telle ou telle ville. Pourquoi n'ont-ils pas annoncé la naissance d'une pépinière d'usines qui pourrait nous recruter. Qu'y a-t-il de nouveau ? Rien. Ils suppriment la TVA, les taxes d'importation et autres charges fiscales. Les seuls gagnants sont les grossistes et les barons du sucre et de l'huile. D'ailleurs, cela ne changera rien. Nous continuerons toujours à les payer au prix fort. Et laissez-moi vous dire que les émeutes ont été pourries à cause de quelques éléments que nous ne connaissons pas. Nous avons certes jeté des pierres, mais nous ne sommes pas à l'origine du pillage des biens publics ou privés. Ce sont des voyous de service qui nous ont infiltrés», tonne Fateh, Belcourtois de 29 ans. Fatigués ou voyant la situation prendre des proportions inacceptables, les émeutiers de Belouizdad et de Bab El Oued abandonnent la protesta, et ce, pour la bonne cause. Pour que nul ne dise qu'ils sont les «vandales», accusation réfutée par Abdelkader et tant d'autres jeunes de Belouizdad. Mais la vérité éclatera bien un jour.