Il est 14h, et dans la plupart des quartiers où de violents affrontements se sont déroulés la veille, un calme précaire règne. A l'exception de Belcourt où des affrontements ont débuté juste après la prière du vendredi, à Bab El Oued, Bachdjarah et Aïn Naâdja, les émeutiers ont observé une trêve. Après une nuit d'émeutes qui s'est soldée par des dégâts matériels importants et des blessures infligés aux policiers et aux émeutiers, un semblant de calme s'est instauré. De source sécuritaire, «les services de sécurité ont, dès l'aube, procédé à l'arrestation de plusieurs dizaines de manifestants à Bab El Oued, à Bachdjarah et en d'autres lieux, et ce, grâce aux images des caméras et des films des photographes relevant de la DGSN», ajoute la source. Un fait qui a conduit les émeutiers à opter pour la protestation nocturne, le visage masqué. C'est du moins ce qu'ont indiqué la plupart des jeunes des endroits où l'accès était très difficile et risqué à la fois. A 14h30, en sillonnant les rues de Bab El Oued, il n'y avait pas l'ombre d'un policier. Même constat dans les autres localités. Toutefois, des centaines, voire des milliers de véhicules de police, notamment ceux des brigades d'intervention sont garés à l'entrée de ces quartiers. Au 5e arrondissement de police de Bab El Oued, ainsi que devant tous les postes de police, un mouvement particulier laisse transparaître l'appréhension ressentie par les policiers. Ces derniers sont attroupés et se préparent à d'éventuels assauts de la part des émeutiers dont la plupart n'ont pas été identifiés pour la simple raison qu'ils s'étaient masqués le visage à l'aide de mouchoirs et de foulards. Un moyen utilisé également pour éviter d'inhaler les gaz lacrymogène. Tous les commissariats sont sur le qui-vive. Des groupes se sont constitués çà et là. «On attend la nuit pour agir», lance un jeune qui ajoute : «La nuit, les caméras des policiers ne serviront à rien.» Sur les routes, les traces des pneus enflammés se comptent par centaines. A Belcourt, des jeunes ont bousculé un photographe, lui interdisant violemment de prendre des photos. «Ils travaillent avec les services de police», lance un jeune relayé par un groupe qui n'hésite pas à dire : «La nuit nous sera favorable car ils (les forces de l'ordre) ne pourront pas nous filmer ou nous prendre en photo.» La nuit s'annonce sous de mauvais auspices, au vu de la résolution des jeunes émeutiers qui «jurent de revenir à l'assaut».