Le ministère de l'Agriculture et du Développement rural engagera prochainement des contrôles au niveau des minoteries afin de vérifier si réellement elles ont vendu leur blé en l'état (subventionné par l'Etat) à des éleveurs pour l'utiliser comme aliment de bétail. «Des cas ont été signalés», a reconnu hier Rachid Benaïssa, ministre de l'Agriculture, en marge de la rencontre sur la concession des terres agricoles, organisée au siège de son département. Il a expliqué ce phénomène par la hausse de la demande sur les issues de meunerie utilisées comme aliment de bétail. Ces issues de meuneries ont été cédées à des prix plus concurrentiels par rapport au prix de la farine dont le prix est fixé par l'Etat. En produisant du son de blé au lieu de la farine, ces transformateurs ont provoqué une pénurie sur le marché. Le directeur général de l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), M. Kehal, avait affirmé, jeudi, que «certains minotiers ont carrément vendu le blé aux éleveurs au lieu de produire la farine». Pourtant, les transformateurs n'ont nullement le droit de revendre (en l'état) le blé acheté à un prix subventionné (1285 DA le quintal). Le ministère agira en fonction des résultats des contrôles effectués au niveau des minotiers, a expliqué M. Benaïssa, affirmant que depuis dimanche les transformateurs de blé tendre ont bénéficié d'une hausse de leurs quotas pour atteindre les 60% de leurs capacités de production au lieu de 50%, prévus auparavant. «La semoule et la farine sont disponibles sur le marché», a-t-il affirmé. «La régulation pour les produits agricoles est une obligation naturelle. Mais la production agricole est saisonnière face à une demande quotidienne», a remarqué le ministre pour signifier que la fluctuation des prix dépend des périodes de production des différentes cultures. Lorsque le produit est d'arrière saison, il est clair que son prix est plus élevé que celui produit durant la saison, a-t-il signifié, soutenant que la régulation est garantie par des systèmes de stockage, de conditionnement ou de transformation. L'Algérie produira des grains oléagineux Revenant sur la crise du lait, Rachid Benaïssa a accusé ouvertement «certaines laiteries de vouloir fuir le système de traçabilité pour pouvoir détourner la poudre de lait subventionnée à d'autres fins». «Nous étions étonnés de voir certains producteurs de lait en sachet établis dans certaines régions vendre leur production dans des régions très éloignées par rapport à l'emplacement de leurs unités», a-t-il relevé. Quel intérêt avaient ces producteurs à traverser des centaines de kilomètres pour céder un lait en sachet dont le prix est fixé par l'Etat à 25 DA si ce n'est pour éviter d'avoir une traçabilité de l'utilisation de la poudre subventionnée par l'Etat. Afin de pouvoir améliorer le contrôle de l'utilisation de la poudre subventionnée, le ministère de l'Agriculture, à travers le Conseil interprofessionnel du lait, a décidé de limiter la vente du lait au niveau de la wilaya où est située la laiterie. Par ailleurs, M. Benaïssa a annoncé la réalisation des études relatives au développement de la culture des grains oléagineux dans certaines régions du pays. L'encouragement de cette culture s'inscrit dans le cadre du programme déjà tracé, a-t-il noté. D'autres études ont été également engagées pour le lancement de la production de la betterave sucrière. Mais, a reconnu le ministre, «c'est intimement lié à la disponibilité de l'eau». La politique du renouveau rural n'exclut aucune possibilité pour valoriser au mieux les productions agricoles pour atteindre une autosuffisance pour certains produits stratégiques. Certains projets sont à l'étude et seront réalisés par certains opérateurs privés ou par des fermes pilotes de l'Etat, a-t-il annoncé, conditionnant leur lancement à la réunion de conditions adéquates. Au sujet de la mise en œuvre de la loi sur le foncier agricole, Rachid Benaïssa a indiqué que 78 000 dossiers ont été déposés par les exploitants sur un nombre de 218 000 exploitations.