«Rassembler ceux et celles qui savent que le changement en Algérie ne peut absolument pas venir de l'intérieur du régime», cette question a été le centre du débat qui s'est déroulé hier au siège de la maison des syndicats sise à Dar El Beïda, afin de mettre en place un plan d'action et se concerter sur un manifeste qui unira le combat des syndicats autonomes et des partis de l'opposition dans le cadre de l'organisation de la protestation populaire. La rencontre initiée par l'intersyndicale de la fonction publique, à laquelle se sont joints les partis de l'opposition et la ligue algérienne des droits de l'homme (LADDH) a passé en revue la situation actuelle du pays en proposant «les moyens à mettre en œuvre et les actions à prendre en charge pour empêcher la marginalisation d'un nombre de plus en plus important de jeunes et par la même empêcher que le pays ne s'enfonce plus dans le chaos». Lors de sa prise de parole, le porte-parole du conseil des lycées d'Algérie (CLA), Achour Idir, dira qu'«un syndicat qui n'établit pas de liens avec la société n'a pas à exister ; aujourd'hui nous vivons en Algérie une situation sociale catastrophique faite de la réalité qui dit que celui qui sème la violence ne récolte que la violence». Avant de poser une évidence de taille faisant part que «cette violence va toujours se manifester et persister, si nous la société civile ne réagissons pas pour encadrer cette jeunesse, et si nous en tant que société civile ne prenons pas nos responsabilités pour organiser la protestation, elle va se manifester encore plus violemment». Pour sa part, le secrétaire général du syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), Mohamed Salem Sadali, annonce que «ça fait longtemps que notre syndicat a tiré la sonnette d'alarme, faisant état que la fermeture des espaces d'expression publique ne peut générer que la violence». Et aujourd'hui «nous avons un devoir patriotique et historique, car nous devrons aider ce peuple à devenir un acteur et lui tracer une voie… et les syndicats doivent prendre leurs responsabilités dans le combat pour les libertés». Par ailleurs, le représentant de la coordination du conseil national des enseignants du supérieur (Cnes) insistera sur l'existence d'une seule solution devant les syndicats autonomes qui «doivent fédérer leurs forces au sein d'une organisation, on doit s'unir autour des questions essentielles, il est grand temps qu'on change de discours pour délivrer le pays qui est pris en otage, sans pour autant verser dans la polémique». «Le mouvement populaire en Algérie n'a pas de meneurs» La rencontre de ce vendredi a permis par ailleurs au porte-parole du conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), Messaoud Boudiba, de préciser que «les derniers évènements ont permis à tout algérien de faire une remarque de taille, faisant état de l'échec des organisations de la société civile et de l'élite à encadrer le mouvement, au contraire de ce qui s'est déroulé en Tunisie où il existe une élite qui a géré le mouvement du peuple», avant d'ajouter que «les facteurs de persistance du système restent toujours de mise. Un état de fait qui suscitera une sérieuse prise en charge «de notre part en tant que société civile, en activant à travers un processus pérenne en multipliant nos rencontres de dialogue… Un dialogue qui sera régi par des règles claires, afin de donner l'exemple à la société civile et gagner la confiance de la jeunesse». A priori, la rencontre de ce vendredi n'a pas été sans inviter les partis politiques, dont les représentants du RCD, FFS et PLJ qui ont mis le point sur l'urgence de l'ouverture du champ politique et médiatique en Algérie, «afin d'opérer un changement qui ne doit jamais s'opérer dans la violence car il n'existe aucun intérêt au sein de cette alternative», dira Mohamed Saïd, président du parti de la liberté et de la jeunesse (PLJ). Par contre, le représentant du front des forces socialistes (FFS) dira que «si nous voulons avancer, restons sereins, commençons à appartenir à ce peuple… travaillons pour un changement réel… et surtout créons un Etat car en Algérie il n'existe pas encore d'Etat !» Son homologue du rassemblement pour la culture et la démocratie insistera sur l'urgence de «la réactivation de nos espaces d'expression en consacrant la volonté populaire afin d'éviter la catastrophe faite de la ‘'kosovarisation'' de l'Algérie, où tous les ingrédient à un remake existent».