Annoncée pour hier, la réouverture des lycées en Tunisie n'a pas eu lieu, du moins en grande partie. Une grève générale a laquelle a appelé le syndicat général de l'enseignement fondamental a été largement suivie. A Tunis, dans les trois lycées Bourguiba, Hannibal et Ariana, la grève était suivie totalement, avons-nous constaté de visu. Les lycéens sont sortis dans la rue, scandant des slogans hostiles au gouvernement de transition, appelant à sa chute. «Nous ne pouvons pas être écartés de ce qui se passe et des revendications de notre peuple», nous diront des lycéens rencontrés près de l'avenue Lahbib Bourguiba. «Nous sommes des lycéens en terminale technique et nous sommes là pour soutenir notre peuple dans ses revendications. Nous ne pourrons pas être en classe tandis que ces revendications ne sont pas satisfaites», nous diront des lycéens des trois lycées cités. Hier encore, des marches ont eu lieu dans plusieurs rues de la capitale, à l'instar d'autres villes du pays. «Nous nous dirigeons vers le siège de l'union générale des travailleurs tunisiens», nous dira un lycéen. Pour rappel, et comme rapporté dans l'une de nos précédentes éditions, le syndicat général a prévu, dans un communiqué rendu public au terme d'une réunion ayant eu lieu le 22 du mois en cours, une grève générale à partir du lundi 24 janvier, date annoncée par le ministre de l'Education, porte-parole du gouvernement, comme celle de la réouverture des établissements scolaires. Le syndicat exige le départ du gouvernement de transition et demande la formation d'un gouvernement provisoire «qui écarte les ennemis de notre peuple», est-il écrit dans le communiqué. Le ministre de l'Education, porte-parole du gouvernement de transition, a déclaré, après l'annonce de la grève, que «les revendications exprimées par le syndicat général n'ont aucun lien avec la profession», et demandé «la reprise du travail et des cours». Les manifestants continuent, par ailleurs, de se diriger vers le siège du premier ministère où la police a utilisé, dans la nuit d'hier, des gaz lacrymogènes pour disperser les milliers de contestataires venus de différentes villes du pays, dont Sidi Bouzid, qui voulaient passer la nuit devant le siège de cette institution. Ce qui n'a pas empêché les manifestants de continuer les marches et de se diriger vers le siège du premier ministère où militaires et policiers sont déployés pour assurer le maintien de l'ordre public et parer à toute éventualité. Annulation de «la sécurité dans les établissements universitaires»
Les tunisiennes et tunisiens participant à ces marches continuent à exiger la chute du gouvernement et «le départ d'hommes du président déchu Zine El Abidine Ben Ali du pouvoir». Il est à noter, d'autre part, que la réouverture des universités est annoncée par le gouvernement de transition pour aujourd'hui mardi. «Dans le cadre de la consécration du principe de séparation de l'Etat et le rassemblement constitutionnel démocratique, et pour assurer l'indépendance de l'université, le ministère de l'Enseignement supérieur a annoncé la prise de certaines mesures par le gouvernement de transition dont la décision d'annuler la sécurité dans les établissements universitaires et la récupération des biens de l'Etat qui étaient en possession du rassemblement constitutionnel démocratique». Le gouvernement de transition a pris d'autres mesures, dont «la levée de toutes les sanctions infligées aux étudiants pour leurs opinions ou leur activité syndicale ou politique et leur permettre de reprendre leur droit dans la poursuite de leurs études dans des conditions ordinaires», et «l'annulation du siège de Ben Ali dans le dialogue des religions et civilisations». On ignore si ces mesures seront jugées satisfaisantes par les étudiants pour la réouverture des universités aujourd'hui. De notre envoyé spécial à Tunis, Mounir Abi