Le CLA et le Cnapest rejoindront aujourd'hui le mouvement de grève. Cela risque de faire tache d'huile... «J'ai 3 filles et un garçon, tous n'ont pas eu cours aujourd'hui», annonce une dame au sortir du lycée Bouamama, à El Mouradia, sur les hauteurs d'Alger. Et pour cause. C'est la grève des syndicats autonomes de l'éducation. Hier, trois syndicats sont passés à l'action. Il s'agit du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), de l'Union nationale des professeurs de l'éducation et de la formation (Unpef) et du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest). Selon les chiffres du ministère de l'Education, le taux de suivi de la grève ne dépasse pas 33,17%. Aussi, les statistiques du ministère situent les taux les plus élevés à M'sila (58,7%), Aïn Témouchent (54, 2%), Khenchela (53, 6%) et Annaba (52, 9%). Pour la wilaya d'Alger, le ministère limite le taux de grève à 30,8%. Cependant, l'évolution de la grève semble préoccuper les responsables du secteur. Au ministère de l'Education, un seul mot d'ordre: vigilance et suivi assidu de la situation «Nous sommes en train de suivre la situation de près», a déclaré M.Boumaâraf, chargé de la communication au ministère, joint, hier, par téléphone. De leur côté, les syndicats grévistes parlent de «la réussite de l'action». Pour M.Sadali, secrétaire général du Satef: «D'après les informations qui nous parviennent des différentes wilayas du pays, ce débrayage est une réussite.» Même son de cloche chez M.Admane, membre de l'Unpef: «Le taux de suivi au niveau d'Alger avoisine 74%.» Virée à travers les établissements scolaires de la capitale: au CEM Pasteur, à Alger-Centre, «seuls 4 enseignants sur 45 sont en train de travailler», a déclaré M.Sadek Dziri, président de l'Unpef. Rencontré sur les lieux, ce dernier précise: «Nous ne sommes qu'au début de l'action. Cependant, nous pouvons dire que les prémices d'une action nationale importante sont déjà visibles.» Nonobstant les chiffres des uns et des autres, la grève a touché bon nombre d'établissements scolaires à Alger. A l'ouest, le débrayage a été massif. A Hydra, la quasi-totalité des établissements a été touchée. Pour rappel, cette commune compte 9 écoles primaires, 2 CEM et un lycée. Même topo à Baba Hassen qui abrite 11 écoles primaires, 2 CEM et un technicum. Le débrayage a été également important à Birtouta. Dans cette commune pas moins de 18 écoles primaires, 4 CEM et 2 lycées ont été, pratiquement, paralysés. Le vent de la grève a, également, soufflé sur l'est d'Alger. En effet, les établissements de cette région de la capitale ont largement répondu à l'appel du Satef, du Snapest et de l'Unpef. Cependant, à Alger-centre, le suivi a été mitigé. Au lycée Emir-Abdelkader de Bab El Oued, c'est le calme plat. Est-ce le calme qui précède la tempête? M.Ouamar Naït Sid Ahmed, membre du Conseil des lycées d'Alger (CLA) explique: «Dans ce lycée, la majorité des syndicalistes font partie du CLA.» A l'instar du Conseil national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique, le CLA a décidé d'entrer en grève aujourd'hui. De Bab El Oued, nous nous dirigeons vers la place Audin. Au lycée Arroudj et Kheireddine-Barberousse, l'activité pédagogique n'a pas été interrompue. Entamé hier, le débrayage des syndicats autonomes de l'éducation risque de faire tache d'huile. Par cette grève, les syndicats autonomes remettent en surface des revendications liées à l'amélioration des conditions socioprofessionnelles des travailleurs du secteur. Pour M.Chougiet, vice-président de l'Unpef: «Il est impératif d'abroger la circulaire du Premier ministre portant annulation de l'effet rétroactif du régime indemnitaire». Aussi, les grévistes demandent de revoir à la hausse ledit régime. Sur un autre plan, les syndicats autonomes revendiquent le droit de participer à la gestion des oeuvres sociales. C'est dire les défis importants du secteur! A cet effet, le Satef a appelé à la tenue d'une conférence regroupant tous les acteurs du secteur. En tous les cas, il est impératif de trouver des solutions pour éviter l'impasse. A plus forte raison quand cela concerne plus de 8 millions d'élèves. L'avenir de toute la nation est en jeu.