L'Association des expropriés du futur barrage du Souk N'tléta, dans la commune de Tadmaït (wilaya de Tizi Ouzou) vient d'avertir les autorités concernées de la wilaya et les pouvoirs publics d'un éventuel dérapage qui qui serait la conséquence des lenteurs administratives et des dernières décisions prises par les domaines concernant l'évaluation de leurs propriétés. «Ainsi, suite au refus de prendre nos préoccupation au sérieux, les services concernés assumeront l'entière responsabilité de tout éventuel dérapage». C'est du moins ce qui a été mentionné noir sur blanc dans une déclaration rendue publique hier par ladite association. «Le moment est favorable», menacent encore les expropriés. En effet, les rédacteurs de la même déclaration ne sont pas allés par trente-six chemins pour s'attaquer directement aux responsables en charge du dossier. «Dans le cadre de l'expropriation du futur barrage de Souk N'tleta, deux instances, les domaines et leurs acolytes n'arrêtent pas de narguer les esprits déjà surchauffés», est-il mentionné. Les expropriés de ce futur barrage, qui attendent depuis longtemps de voir leurs revendications prises en charge, n'excluent pas en effet une action dans la rue dans un proche avenir en guise de protestation contre «la sourde oreille de l'administration». L'actualisation des indemnités versées aux expropriés demeure à ce jour le point le plus important sur lequel l'administration refuse de céder, alors que la loi est claire là-dessus. L'article 32 du décret exécutif paru dans le Journal officiel d'août 1993, dans son chapitre 5 relatif à l'évaluation des biens et droits immobiliers, stipule clairement que le montant des indemnités doit être juste et équitable, et doit couvrir l'intégralité du préjudice causé par l'expropriation. Plus encore, la valeur est appréciée au jour où l'évaluation domaniale est effectuée. Sur ce point, «l'évaluateur refuse de prendre au sérieux et voulait à tout prix nous présenter du réchauffé», estime l'association.L'administration ne s'est pas arrêtée là, car selon la déclaration, des huissiers de justice ont été engagés afin de notifier aux expropriés des «arrêtés de cessibilité», ce qui veut dire que la négociation n'est plus d'actualité. «Un Etat dans l'Etat» Les expropriés ne voient d'ailleurs en cette décision qu'une «véritable menace qui les pousse à penser qu'il y a en Algérie un Etat dans un Etat !» «L'administration a engagé des huissiers de justice afin de procéder à la notification de nos actes de décès», estiment les rédacteurs de la déclaration signée par le président de l'association, Merabti Mohamed, et qui expliquent que le ministre des ressources en eau leur a promis de suivre de très près le dossier de l'actualisation des indemnités attribuées. Par la même occasion, les expropriés ont réexprimé leur refus quant à l'estimation des biens faite par les services concernés précédemment, à savoir 150 à 600 DA le mètre carré de terrain et 4000 DA par olivier. «Nous nous opposons à toutes les démarches qui porteraient préjudice à nos intérêts et refusons les miettes proposées en contrepartie de nos héritages ancestraux», explique l'association, et d'ajouter qu'elle «continuera à lutter par les moyens pacifiques (marches et sit-in) afin d'arracher les droits bafoués depuis plus de trois décennies». L'association qui interpelle les partis politiques sans distinction à soutenir ses revendications «légitimes» exhorte par ailleurs les expropriés à rester mobilisés autour d'elle, «ne pas répondre à la convocation des huissiers de justice, et rester solidaires et unis jusqu'à satisfaction totale de leurs doléances». M. Merabti, qui nous a remis la déclaration, a tenu à expliquer que «les expropriés sont plus que jamais déterminés à aller jusqu'au bout du combat et à maintenir le forcing», avant d'ajouter qu'«une copie est même remise à la police afin de les avertir d'éventuelles actions». Par le passé, et dans une requête adressée en date du 25 décembre de l'année écoulée à M. Sellal, l'association a expliqué que des dirigeants de son bureau prônent la protesta dans la rue comme moyen devenu traditionnel pour le règlement des conflits car l'administration a habitué les populations à voir leurs préoccupations ainsi prises en charge. C'est dire que la guerre est plus que jamais déclarée entre les expropriés et les services concernés de la wilaya, surtout ceux des domaines.