L'affaire de la Générale des concessions agricoles (GCA) refait surface. Une commission composée des inspecteurs de l'Inspection générale des finances (IGF) et de responsables du ministère de l'Agriculture travaille depuis six mois pour étudier les dossiers relatifs à l'affaire de la GCA, a indiqué hier Rachid Benaïssa, ministre de l'Agriculture et du Développement rural, lors d'une conférence de presse tenue au niveau du ministère. «1228 dossiers sont étudiés», a précisé le ministre, insistant sur la poursuite du programme de la mise en valeur des terres agricoles via la concession au niveau des Hauts Plateaux et du Sud. Le programme de mise en valeur sera renforcé parallèlement à la poursuite de la vaste opération d'assainissement des dossiers de dépassements et de détournement de fonds qui ont eu lieu au niveau de la GCA. Les opérateurs qui ont réellement réalisé des projets pour le compte de la GCA et qui ont des dossiers conformes seront payés, d'autres verront leurs dossiers administratifs complétés et corrigés, alors que d'autres seront traduits devant la justice pour avoir dilapidé des deniers publics. «Une vaste opération de lutte contre la corruption et le détournement des deniers publics est engagée», a-t-il affirmé. Selon une source du ministère, le tribunal de Ouargla a relancé le procès des entreprises qui ont détourné les deniers de la GCA. La chambre d'accusation près la cour de Ouargla a renvoyé, en juillet 2010, l'affaire de la GCA devant le tribunal de Ouargla pour complément d'enquête. L'affaire a éclaté en 2007 suite à un rapport de la Cour des comptes adressé au ministre de l'Agriculture dans lequel sont dévoilés de graves détournements de fonds publics au niveau de la GCA. L'Inspection générale des finances a élaboré un rapport qui a donné lieu à des investigations ciblant la direction régionale de la GCA de Ouargla et la direction générale de la GCA à Alger. Une information judiciaire a été ouverte par la cour de Ouargla, à la suite du rapport de l'IGF qui a révélé l'implication de plus d'une quarantaine de personnes, dont des cadres de la direction régionale de la GCA à Ouargla, des bénéficiaires du programme de mise en valeur agricole par la concession et des entrepreneurs. Les charges retenues contre les mis en cause ont trait, entre autres, à la falsification de contrats sur la réalisation de projets, détournements de fonds par des entrepreneurs qui n'ont pas réalisé les projets inscrits, la signature de marchés de gré à gré en violation de la législation en vigueur et la surfacturation des travaux. Créé en 2000 pour soutenir et encourager le développement de l'agriculture dans les régions du Sud, la GCA a été dotée d'un budget de 52 milliards de dinars. Cependant, ce budget consommé dans sa majeure partie dans des projets affectés à des entrepreneurs privés, a été finalement détourné, puisque la réalisation n'a pas eu lieu dans l'écrasante majorité des cas. Les salaires des travailleurs de la GCA versés Le ministre a annoncé, par ailleurs, que les salaires des travailleurs de la GCA ont été versés après un blocage de plusieurs mois. Se voulant rassurant, il a expliqué qu'elle ne sera pas dissoute, mais sera probablement transformée en filiale de l'Entreprise algérienne de génie rural. En changeant de statut, la nouvelle entité se chargera de la réalisation des projets de mise en valeur des terres agricoles. Evoquant l'état d'avancement du dossier de la mise en œuvre de la nouvelle loi sur la concession agricole, M. Benaïssa a indiqué que 100 000 dossiers ont été déposés par les agriculteurs au niveau de l'Agence nationale des terres agricoles (Onta). Suite à la publication des textes d'application de la loi, l'Onta a engagé l'étude des dossiers avant de passer à la signature des cahiers des charges avec les agriculteurs. Les domaines se chargeront par la suite d'établir les actes de concession au profit des agriculteurs qui avaient un droit de jouissance des terres agricoles du domaine privé de l'Etat.