Le rassemblement auquel a appelé hier le Comité national autonome pour la défense des droits des chômeurs devant le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité Sociale a failli tourner au drame avec une nouvelle tentative d'immolation par le feu. Dans son acte de désespoir, le jeune homme, qui occupe le poste d'agent de sécurité dans l'entreprise Netcom pour un salaire mensuel de 6 000 DA, s'est aspergé d'essence et a failli craquer une allumette, sans l'intervention de la police. Cet appel de détresse a mis fin au rassemblement des chômeurs algériens qui sont repartis en précisant que le mouvement de protestation se poursuivra jusqu'à satisfaction de leurs revendications. Il faut dire que c'est la première fois que les chômeurs algériens s'organisent en créant leur comité affilié au SNAPAP afin de faire aboutir leur plate-forme de revendications qui consiste, en premier lieu, en la création de postes d'emploi décents. Ils étaient au départ peu nombreux à avoir répondu à l'appel pour exprimer leur ras-le-bol et faire valoir leur droit au travail, avant que le mouvement ne se renforce par plusieurs groupes de différentes wilayas qui partagent les mêmes préoccupations. Les premiers manifestants arrivés vers 11h brandissaient des pancartes où l'on pouvait lire «Barakat mel'hogra», (stop à l'injustice), tout en appelant le pouvoir à leur donner le droit au travail et à la vie : «Hna djazaïrïne, min hakna n'ich». Les forces de sécurité ont tout de suite pris position pour repousser violemment les contestataires, dont certains ont été malmenés et arrêtés par la police. Ce qui n'a pas diminué toutefois la détermination des autres contestataires, puisque les voix s'élevaient de plus en plus pour exiger des changements et la création de postes budgétaires. Le ministère a fini par recevoir une délégation composée de quatre membres. Reçue par quatre directeurs du ministère, dont le directeur de l'ANEM, les délégués ont exposé leurs revendications, qui seront soumises au gouvernement prochainement, selon les dires du porte-parole du comité, Samir Larabi. Dans une déclaration faite au Temps d'Algérie, le porte-parole a indiqué que la nouvelle organisation est née «pour défendre les droits des chômeurs confrontés à l'absence de toutes perspectives d'embauche». Il évoque plusieurs points soulevés dans la plateforme de revendications, entre autres une allocation de 50% du SNMG pour tous les chômeurs algériens, la relance des entreprises communales et des Epic des wilaya, la suppression des CDD à remplacer par des CDI et la renationalisation des entreprises publiques cédées aux privés et aux étrangers. Le porte-parole du comité demande également l'ouverture de postes budgétaires dans le secteur public afin d'absorber le chômage, la dissolution des agences d'emploi privées et l'amélioration de la qualité de services des différents dispositifs d'insertion professionnelle publique. Ce comité exige par ailleurs l'intégration de tous les contractuels dans leur poste, notamment ceux issus du filet social qui touchent à peine 3000 DA.