La cité Makam El Djamil, dont le projet de construction a été lancé en 1997, n'est toujours pas alimentée en gaz de ville et en eau potable, huit ans après son inauguration dans des conditions très particulières. Reportage. Les habitants de Makam El Djamil, dans la commune de Bir Mourad Rais, souffrent le martyre depuis huit longues années à cause du manque de gaz et d'eau dans leurs foyers. Halim, un des résidents de cette cité, affirme que «depuis 8 ans, les occupants de la cité n'ont ni gaz de ville ni eau courante dans les robinets». «Nous utilisons les bobonnes de gaz butane et l'eau, on la remplit à partir d'un robinet installé dans la cour de la cité», ajoute-t-il. Selon d'autres habitants, de nombreuses requêtes ont été transmises aux autorités concernées, à savoir l'Assemblée populaire communale de Bir Mourad Raïs, la wilaya déléguée ainsi que Sonelgaz. «Mais, nous n'avons pas eu de réponse à ce jour», précisent-ils. «Cette situation dure depuis mon arrivée ici, il y a cinq ans», nous dit une mère de famille. Depuis qu'ils ont reçu les clés de leurs appartements, livrés sans gaz et sans eau ce qui est contraire à la réglementation en vigueur, les habitants sont obligés de se débrouiller seuls : «Il y a un camionneur qui vient chaque week-end dans la cité nous vendre des bouteilles de gaz butane, c'est mieux que rien», explique Tarek, qui compte parmi les plus anciens résidents du quartier. Depuis deux mois, les choses semblent évoluer dans le bon sens. En effet, le groupe public Sonelgaz s'est enfin décidé à lancer les travaux de raccordement de la cité au réseau de distribution de gaz. Mais les habitants sont déçus par la lenteur des travaux. Ils sont conscients que l'inauguration du projet va nécessairement prendre du temps. L'absence de ces commodités est en rapport direct avec la construction de la cité elle-même, dont le projet a traversé plusieurs étapes. Auparavant, c'est l'APC de Bir Mourad Raïs qui a commencé la construction de ces logements de type social-locatif. Mais, à cause du terrorisme, elle a dû abandonner le chantier pour le confier à un entrepreneur privé dénommé D. S. Nous avons cherché à le joindre mais sans succès. L'entrepreneur qui occupait un des appartements de la cité a changé d'adresse. Son logement est occupé depuis 5 ans par une autre famille qui assure l'avoir payé à l'entrepreneur rubis sur l'ongle. De plus, plusieurs personnes rencontrées dans cette cité ont précisé qu'ils avaient acheté leurs logements à l'état de carcasse. «C'est nous-mêmes qui avons terminé les travaux de maçonnerie et de finition», explique Ahmed, un père de famille. Il ajoute que les prix variaient entre 90 000 Da par unité pour les logements à l'état de carcasse et 700 000 Da pour les appartements clos et couverts mais sans finition. Cette somme est payée en trois tranches. Les occupants disent qu'ils avaient reçu leurs actes de propriété. Tous les appartements sont des F3 et des F4. Mais, de visu, ils sont mal finis. La maçonnerie extérieure est mal faite, on voit même la forme des briques. Autre problème que les habitants ont tenu à soulever : le manque d'espaces verts et d'aires de jeux pour les enfants. Contacté par nos soins, le président de l'APC évoque à chaque fois des réunions de travail avec ses collaborateurs ou à l'extérieur de la mairie. On n'a pas pu avoir sa version des faits, en tant que premier magistrat de la commune. Au niveau du service de l'urbanisme de l'APC, on nous suggère de prendre attache avec la personne qui serait en charge du suivi de ce projet. Lui aussi est injoignable. M. Noureddine G., chargé des constructions dans la commune, nous a toutefois déclaré que «pour l'instant, l'APC s'affairait à terminer le projet et donnait les actes de propriété aux citoyens». Il nous informe aussi que l'APC avait dégagé un budget de 5,05 millions de dinars pour le raccordement des foyers au réseau de gaz. Cela étant, la demande concernant le ravalement des façades adressée par l'association de la cité au wali a reçu un avis favorable. On apprend que la cité est un vieux projet qui a été initié en 1997. Au début, il était question de 65 logements. L'entrepreneur qui a pris en charge le projet a augmenté le nombre de logements à 85 unités. Il a ajouté un étage dans chaque immeuble, mais sans achever les travaux de réalisation. Il a ainsi vendu 34 appartements entre 2000 et 2007.