Après une carrière bien entamée depuis 1993, Khattab Aïssa, plasticien, ne cesse de sonder le patrimoine culturel et les richesses du terroir dans sa peinture. Cette fois, il expose collectivement à la galerie Ezzou'art de Bab Ezzouar cinq toiles qui rappellent l'incommensurable richesse de notre terroir. C'est la cueillette des dattes, Le Targui, La Cueillette des olives, La Mariée, Le Coucher du soleil, ces intitulés traduisent l'engouement de Aïssa qui veut pérenniser ces us et coutumes et son enthousiasme à peindre les paysages hauts en couleur. Dépositaire d'un héritage culturel ancien, il tente de le sauvegarder et de le préserver. Porté sur La Casbah, les paysages de Kabylie, d'Alger, du Sud, il cherche à sauvegarder cette mémoire qui se lamine avec le temps. A ce sujet, il déclare : «Cela fait partie de nos traditions. L'Algérie a beaucoup de richesses et de cultures, pour preuve, les orientalistes ont été influencés par les paysages algériens et les coutumes comme Fromentin, Delacroix et Chassériau. Ils sont devenus de grands maîtres.» C'est un florilège de couleurs, de thématiques, d'émotions et de sensations qui émanent des tableaux de Aïssa Khattab. De ses œuvres se dégagent des tons somptueux, d'une puissante vigueur et d'une intensité sans pareille. La douceur extraordinaire des lignes, l'ampleur de ses compositions, le tracé consommé et la poignante émotion se dégagent de son œuvre. Sa peinture qui reste lestée à cette préservation du patrimoine se renouvelle dans une expression plastique qui montre la maturité graphique de l'artiste. D'une effusion chromatique, il transfigure les formes avec une frénésie picturale déchaînée. Sa tendance graphique qui verse dans le figuratif témoigne d'un art raffiné. Il est indéniable que Aïssa a un talent certain et une vision picturale aboutie. Sa prédilection pour les choses du terroir s'inscrit dans sa passion pour son pays. Mais ne se focalisant pas que sur le patrimoine, il fait des portraits et des marines. Ayant fait un cursus à la société des Beaux-Arts option dessin avec le professeur Saouli (1984/1988), Aïssa a continué ses études au CCF. Actuellement, ajusteur mécanicien dans une société nationale, il continue l'art pictural comme hobby. D'une grande probité et simplicité, il s'insurge contre le statut de l'artiste. «Normalement, on a un statut puisque le ministère de la Culture existe, or l'artiste n'a pas de statut», dit-il et d'ajouter : «C'est une honte. Heureusement que j'ai un travail.» En outre, Aïssa Khattab tient à préciser son mécontentement contre les artistes qui trichent. «Je suis contre ceux qui scannent ou font leurs œuvres avec un agrandisseur. Un artiste se doit d'avoir un minimum d'honnêteté», indique-t-il en colère. Aïssa qui a de nombreuses expositions à son actif prépare une nouvelle prochainement.