Le traitement médiatique des chaînes de télévision étrangères de la marche du 12 février initiée par la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD) a suscité la consternation et le rejet des politiques algériens. Ils dénoncent le manque de «professionnalisme et l'orientation affichés des médias, notamment français, saoudiens et qataris cultivant la haine entre les Algériens». A cet effet, le porte-parole du Rassemblement national démocratique (RND), Miloud Chorfi, appelle les citoyens algériens à la vigilance quant aux programmes des chaînes publiques et privées françaises (le groupe France Télévision, France 24, TF1, Arte…), la chaîne saoudienne du groupe MBC, El Arabiya, et la chaîne qatarie El Jazeera, devenues, selon lui, des «partis politiques d'opposition ayant la vocation de désinformer l'opinion publique nationale et internationale». Pour appuyer son analyse, le porte-parole du RND se demande quelles sont leurs raisons de boycotter les forces politiques algériennes. «Nous n'avons pas entendu lors des programmes diffusés la voix des autres politiques algériens. C'est le strict minimum du professionnalisme dans le monde de la presse qui n'existe pas sur ces chaînes de télévision, se considérant comme le bastion de l'objectivité et de la neutralité», a relevé Miloud Chorfi, ancien homme de la presse algérienne. Pour notre interlocuteur, il est clair que le traitement médiatique réservé par les chaînes étrangères à la marche d'Alger n'est pas basé sur des critères professionnels. «Les journalistes n'ignorent pas leur noble mission, mais ils sont sous pression des groupes occultes qui détiennent ces médias. Nous sommes face à des ennemis qui nous veulent du mal. C'est malheureux», a tenu à ajouter ce responsable politique. Le porte-parole du FLN, Kassa Aissi, soutient également les propos de Chorfi, en confiant que «les chaînes étrangères donnent des fausses informations et des analyses orientées sur la situation du peuple algérien». Il a ajouté que «ces groupes médiatiques n'ont qu'un seul objectif qui est celui de déstabiliser l'Algérie en s'interposant les uns contre les autres». «Nous avons vu la chaîne France 24, qui est devenue une propriété de certains politiques algériens, alors qu'elle est tenue par des règles d'éthique et de déontologie qui consistent à écouter les grandes forces politiques algériennes représentatives de la société», a signalé le porte-parole du FLN, considérant que la chaîne El Jazeera a dépassé son champ d'action, qui est celui de l'information. «Comment expliquez-vous que les journalistes demandent à leurs invités d'engager des manifestations contre les Algériens ?», s'est interrogé le responsable du FLN. Le chargé de communication du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Mohamed Djemaâ, ne s'étonne pas de ce type de traitement médiatique réservé à l'Algérie. «Les médias étrangers, surtout occidentaux, n'ont jamais habitué les Algériens à voir des reportages réalistes et positifs. Ils sont capables de fabriquer des faits rien que pour désinformer. C'est d'ailleurs le seul but à l'origine de la création des chaînes d'information satellitaires. El Arabia et El Jazeera ne donnent aucune information sur leurs pays d'origine où tout ne baigne pas dans l'huile. Que peut-on espérer donc de la part de telles entreprises ?», a tenu à souligner le responsable du MSP. L'Algérie a toujours refusé l'installation des chaînes étrangères, notamment celles citées. Les autorités craignent des dépassements, étant donné la partialité et l'engagement politique des médias occidentaux instrumentalisés par leurs régimes. Les hommes politiques sollicités hier sont allés loin en accusant «ces médias d'être des instruments de propagande». Les responsables d'El Islah et du FNA, Djamel Benabdeslem et Moussa Touati, n'ont pas voulu s'exprimer sur ce sujet sans nous en donner les raisons. Quant au FFS, le premier secrétaire national, Karim Tabbou, n'a pas voulu décrocher, malgré nos multiples appels teléphoniques.