Les députés iraniens demandent officiellement à ce que la peine de mort soit prononcée contre les deux leaders de l'opposition Moussavi et Kherroubi. Les forces du 14 février, conduites par Saad El Hariri, reviennent sur les bancs de l'opposition et tiennent au tribunal international spécial Liban. Les Bahreïnis enterrent le premier manifestant mort sous les balles de la police de l'émirat. Enfin, les partis socialiste yéménite et islamo-tribal El Islah battent le pavé à Sanaa sans pouvoir décréter un ordre de bataille. Aussi, par la faute des médias occidentaux qui ne leur prêteraient pas assez d'attention. Loin d'être exhaustive, cette liste renseigne au moins sur l'importance de la charge explosive que contient la poudrière arabo-islamique. Revient la lancinante question : qui sera le prochain sur cette même liste ? Les révoltes ne se décrètent pas bien qu'elles se laissent annoncer. Bien qu'il ait déclaré qu'il ne briguera pas de nouveau mandat et ne transmettra pas le pouvoir par transmission héréditaire, le président Ali Abdullah Salah serait le prochain à être englouti par la grande vague du changement. Les réformes auxquelles il a appelées, de vive voix, demeurent insuffisantes aux yeux de ses adversaires. Ça sera beaucoup plus difficile qu'en Egypte, préviennent de fins experts de la vieille cité du bonheur. Il est vrai que quand la plupart des hauts gradés de l'armée sont de proches cousins et que le tribalisme fait des siennes, la chute devient moins évidente. Sinon, moins précipitée. Surtout que le pouvoir de Sanaa tient en main une véritable carte maîtresse, la présence d'Al Qaïda sur le sol yéménite est réelle et ne servirait pas qu'à s'accrocher au trône. Si le président Ali Salah venait à échapper à un renversement d'ici à la fin de sa mandature en 2013, c'est encore loin, qui parmi les listés va payer, en premier, la facture salée du remodelage démocratique ou plus précisément celle du déséquilibre démocratique ? Le roi du Bahreïn qui a donné ordre pour que soit versé un don de 3000 dollars à chacune des familles que compte l'émirat ? Malgré sa décision de suspendre sa participation à l'Assemblée bahreïnie, le bloc chiite ne devrait pas chambouler le paysage politique local, au point que le pouvoir sunnite en place s'affole et charge le carrosse. A vrai dire, il n'est pas du tout sûr que cet allié de longue date des Etats-Unis puisse tourner le dos à l'Amérique dans sa nouvelle «guerre froide au Moyen-Orient» contre son ennemi iranien. Selon des câbles diplomatiques, tressés par WikiLeaks, et bien que le Bahreïn n'ait pas été cité, plusieurs pays de la péninsule persique sont allés jusqu'à demander à Washington d'intervenir militairement contre les mollahs d'Iran par crainte que ceux-là étendent leur domination aux quatre coins de la région. Et si le prochain n'était autre que le régime de Téhéran contre lequel l'administration Obama a créé spécialement un compte sur Twitter, en langue persane, pour donner libre cours aux aspirations de l'opposition ? La dernière vague verte n'ayant pas renversé tout sur son passage, le régime surtout, les Etats-Unis procéderaient autrement. Sur les deux fronts, l'un servant à provoquer un désordre interne et l'autre aidant à couper les bras… armés du régime de Téhéran. En l'occurrence, le Hezbollah libanais qui retient son souffle à propos des actes d'accusation dans l'affaire El Hariri et le Hamas palestinien qui continue d'être isolé à Ghaza face à une Autorité palestinienne qui s'attelle à se refaire une virginité politique. Redevenues opposantes, les forces du 14 février défieront-elles le Hezbollah et l'axe irano-syrien, par procuration, au cœur de Beyrouth ? W. Bush jurait un jour que la démocratisation passera aussi par le Liban. Avant ou après le prochain sur la liste ?