Les électeurs ougandais ont voté hier pour élire leurs députés et leur Président. Le chef de l'Etat sortant Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1986, est favori face à une opposition qui l'accuse de préparer des fraudes massives. Près de 14 millions d'électeurs sont appelés aux urnes sur les 33 millions d'habitants que compte ce pays enclavé d'Afrique de l'Est. Huit candidats, y compris le président sortant Yoweri Museveni, sont en lice pour briguer la fonction suprême de l'Etat. C'est la seconde fois depuis 1980, année où était entrée en vigueur une interdiction de partis politiques, que des élections multipartites sont organisées dans ce pays. Selon des observateurs, la lutte pour la présidence devrait opposer le président sortant Museveni et son rival Kizza Besigye, qui fut son médecin par le passé. M. Museveni a prédit qu'il remporterait le scrutin avec plus de 80% des voix, alors que M. Besigye a prévu qu'il l'emporterait avec 60%. Néanmoins, ce médecin, à la tête de la Coalition interpartis, qui regroupe quatre formations d'opposition, a promis d'annoncer ses propres résultats dès aujourd'hui, soit 24 heures avant le délai imposé par la loi à la commission électorale. Comme tous les Ougandais, il craint aussi une fraude massive des résultats. «Si la commission électorale publie des résultats dont nous savons qu'ils sont entachés de fraude, nous recommanderons alors au peuple ougandais de régler cette question directement», a averti Besigye lors de son dernier meeting de campagne, mercredi à Kampala. La commission électorale, accusée de partialité par l'opposition, a jugé cette initiative «inacceptable», invitant les médias à ne pas relayer les résultats du camp Besigye, synonymes de «violation de la Constitution». Museveni a menacé, pour sa part, d'arrestation et de procès toute personne qui contesterait dans la rue les résultats officiels. Dans le bureau de vote en plein air de Pioneer Mall, situé dans un quartier populaire de la capitale Kampala, les opérations de vote ont commencé comme prévu à 7h et doivent se poursuivre jusqu'à 17h locales. La police et la commission électorale ont invité la population à rester calme et s'abstenir de tout acte de violence au cours des élections. Néanmoins et malgré le déroulement dans un calme pacifique de la campagne électorale, les forces de l'ordre, en alerte, craignent que des violences surviennent. A Kampala, les patrouilles policières sont visibles un peu partout.