Le scrutin pourrait s'avérer le plus serré pour l'ex-chef rebelle, dont le score n'a cessé de diminuer au fil des précédents exercices. Le président Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1986, se présente en favori pour les élections présidentielle et législatives vendredi en Ouganda, devant sept adversaires qui accusent le régime de vouloir voler l'élection pour mieux bénéficier de la manne pétrolière à venir. En dépit d'une corruption endémique et de réflexes autoritaires bien ancrés, le régime actuel peut se targuer d'une stabilité retrouvée, qui contraste avec l'anarchie post-indépendance et le régime sanglant d'Idi Amin Dada (1971-1979). Le candidat Museveni, 66 ans, peut aussi mettre en avant le retour à la paix dans le nord, à la faveur de la fuite de la rébellion de l'Armée du résistance du Seigneur vers les pays voisins, une croissance économique de plus de 5% depuis 2004, et surtout compter une nouvelle fois sur une opposition divisée. L'élection présidentielle pourrait toutefois s'avérer la plus serrée pour l'ex-chef rebelle, dont le score n'a cessé de diminuer au fil des précédents exercices, de 75% en 1996, à 69% en 2001 et 59% en 2006, un scrutin entaché de fraudes selon la Cour suprême. Kizza Besigye, le principal challenger de M.Museveni pour la troisième élection consécutive, assure de son côté pouvoir l'emporter tout en brandissant la menace d'une révolte populaire à l'égyptienne en cas de fraudes massives. «La principale question dans l'esprit des Ougandais n'est pas de savoir si les candidats sont capables, mais plutôt si les élections vont être truquées ou non», déclarait récemment cet ancien médecin personnel de Museveni, en rupture de ban avec le régime depuis 1999. Le président Museveni est resté sourd aux appels de l'opposition demandant une refonte de la commission électorale, accusée de partialité, et l'Union européenne a déploré l'absence de réformes électorales depuis le scrutin de 2006. Mais l'opposition a bénéficié d'une liberté de mouvement inégalée pour ce scrutin, bien loin de la campagne de 2006 lorsque M.Besigye, à peine revenu de son exil sud-africain, avait été inculpé pour trahison. «L'Amérique ne peut se permettre de voir son principal allié en Somalie discrédité. Donc, on conseille à Museveni de rester courtois, amical, de distribuer son argent où qu'il se trouve mais de ne pas brutaliser la population», estime l'analyste politique Joachim Buwembo. Début janvier, le Parlement a voté une rallonge d'environ 30 millions d'euros à la présidence, suscitant la colère de l'opposition. Museveni a su conforter sa stature d'acteur régional incontournable à la faveur de son engagement inébranlable dans la force de paix de l'Union africaine en Somalie (Amisom), un engagement réitéré après les attentats du 11 juillet 2010 à Kampala (76 morts) revendiqués par les islamistes somaliens shebab. Museveni a d'ailleurs su monnayer son soutien à la rébellion du Sud-Soudan et son engagement en Somalie contre des critiques limitées sur la situation des droits de l'homme dans son pays. Le meurtre d'un militant homosexuel fin janvier, sur fond de croisade homophobe des autorités, a toutefois attiré une pluie de condamnations internationales virulentes, y compris des Etats-Unis. Le prochain président ougandais, élu pour cinq ans, disposera par ailleurs d'un nouveau levier de pouvoir, avec le début attendu de l'exploitation d'importantes réserves pétrolières du pays (estimées à 2,5 milliards de barils). Une manne pétrolière susceptible, si elle n'est pas détournée, de sortir de l'extrême pauvreté une partie des quelque 30% d'Ougandais qui survivent avec moins d'un dollar par jour - sur une population totale de 33 millions -, dans ce pays où 80% de la main d'oeuvre vit essentiellement d'une agriculture de subsistance.